«Nous nous adressons à une population qui n'est pas prise en charge.» C'est la vocation du nouveau centre d'accueil pour les migrants mineurs qui se déclarent non accompagnés. Ce mardi, Médecins sans frontières (MSF) a ouvert une structure d'accueil à Pantin (Seine-Saint-Denis), la première du genre en France, qui vient en aide exclusivement à des «mineurs qui ont été débouté de la reconnaissance de la minorité.» Mais également à ceux, «qui sont en transit, ou qui seraient primo-arrivants, donc des personnes qui ne sont pas encore ou plus dans les dispositifs du droit commun» comme nous l'explique Corinne Torre, directrice de mission France chez MSF. Ce centre, qui peut accueillir quotidiennement 50 jeunes de 9h à 17h, sera-t-il suffisant pour faire face au nombre important de jeunes isolés et victimes de ce flou juridique?
«Il y a énormément de mineurs qui arrivent, il n'y a actuellement pas assez de lieux d'accueil pour effectuer ce genre d'évaluations et les mettre à l'abri. C'est un sous-dimensionnement de l'accueil au niveau des mineurs qui est constaté», déplore la directrice de mission chez MSF.
«Sur ces 25.000 mineurs (ndlr qui déposent une demande), il y en a 60% qui sont déboutés de leur minorité sur le territoire national et 85% sur Paris. On arrive tous à la conclusion qu'il y a, à peu près, 15.000 mineurs qui ne sont pas dans les dispositifs du droit commun.»
Une situation particulièrement inquiétante puisque les 15.000 jeunes déboutés sont laissés pour compte dans ce no man's land juridique. En outre, ils courent le risque de tomber entre les mains de personnes mal intentionnées, comme le décrit Corinne Torre.
«Ces jeunes sont déjà tombés dans les mains des passeurs, dans leur parcours, pour arriver en France. Mais, ils peuvent également tomber dans des réseaux de prostitution ou des réseaux de drogue, si la société civile ne faisait pas ce qu'elle fait actuellement en n'en mettant beaucoup à l'abri chez des particuliers.»
Malgré, certains dispositifs existants comme les centres d'accueil et d'orientation (CAO), l'État prend-il suffisamment ses responsabilités? Selon Corinne Torre, le gouvernement semble sous-estimer la difficulté liée à cette problématique.
«Je pense que l'État ne voit peut être pas à quel point il y a des difficultés sur la prise en charge des mineurs. Il faut que nous puissions tous communiquer d'une même voix sur les dysfonctionnements pour faire en sorte que cela s'améliore.»