Deux mini-vagues migratoires ont déferlé sur les hauteurs de Sion, bourgade de 80 habitants. La Cité des paysages, qui abrite la basilique Notre-Dame-de Sion, est propriété du diocèse de Nancy, du Conseil départemental et de la commune. L'ancien couvent des Pères Oblats est un lieu de visite et de pèlerinage pour près de 200 000 personnes par an. L'hébergement qui leur est habituellement proposé est en stand-by pour trois mois : 39 mineurs migrants isolés y ont été « mis à l'abri », après avoir vécu plusieurs mois dans la « Jungle » de Calais.
Le mercredi 26 octobre, ils sont arrivés à 40. Mais rapidement 19 d'entre eux sont repartis vers Calais, parfois même accompagnés par les services du département : « Les CAOMI [«centre d'accueil et d'orientation pour mineurs isolés»] qui ont ouvert ont tous connu dans les heures qui ont suivi un départ de ceux qui voulaient absolument se rendre vers la Grande-Bretagne, effectivement à leur risque et péril. Nous ne sommes pas dans un régime de contrainte, nous avons été dans la pédagogie. Ceux qui ont voulu partir sont partis », explique Mathieu Klein, président du conseil départemental de Meurthe-et-Moselle. La présence des autorités britanniques dans le deuxième bus a, semble-t-il, rassuré les vingt-deux derniers arrivant, qui répondent toujours présents.
Parmi les mineurs de la Colline de Sion, seulement deux souhaitent rester en France. Un autre, qui s'est avéré majeur, a rejoint le CAO pour adultes de Neuves-Maisons. Dans l'attente d'une réponse outre-Manche, dont le suivit du dossier se fait quotidiennement à Nancy, la vie s'organise : ordinateurs, télévision, match de foot, « pour qu'ils reprennent une vie normale d'adolescent autant que faire se peut ». La Ligue de l'enseignement, qui a un programme de lutte contre la fracture numérique, a bien tenté d'initier les jeunes au codage, mais « dès qu'ils ont trouvé la Wi-Fi, ils sont allés sur YouTube pour montrer des musiques de chez eux », explique la bénévole, qui trouve « bien plus intéressant cet échange interculturel ».
A la Cité des paysages, à côté du pavillon d'hébergement du temporaire CAOMI, logent neuf sœurs clarisses. Aussi discrètes que bienveillantes, elles s'apprêtent à leur faire des crêpes. L'une des sœurs confie : « Nous aurions été fustigées si nous n'avions pas accueillis nos frères en humanité ».