Cependant, de nombreuses idées fausses continuent de circuler sur la question du franc CFA, que ce soit chez ses partisans, et Emmanuel Macron a repris certaines de ces idées fausses, ou que ce soit chez les opposants de ce système. Certaines de ses idées correspondent trop bien aux intérêts de ceux qui les propagent pour que l'on ne soit pas tenté de penser que, plus que d'idées fausses, il s'agit en réalité d'idées qui sont justement et sciemment produites pour obtenir certains effets, et par des gens qui savent parfaitement qu'elles n'entretiennent aucun rapport avec la réalité.
Les origines du franc CFA
Le franc CFA fut pensé avant la seconde guerre mondiale, avec son proche parent le franc CFP pour les colonies françaises du Pacifique. Il n'entra dans le monde des réalités qu'avec la fin de la guerre, et dans le cadre de la participation de la France aux accords de Bretton Woods.
Mais, ce système a aujourd'hui largement changé de sens, et en particulier depuis son accrochage à l'Euro.
Les arguments pour le maintien du franc CFA
Plusieurs raisons militaient pour le maintien de la situation héritée de la colonisation. Acquérir sa souveraineté monétaire impliquait de dépenser de l'argent, mais aussi des compétences, qui étaient rares pour se doter d'une Banque Centrale. La situation, ici, ne se compare nullement avec celle des pays de la zone Euro. Ceux-ci ont tous conservé leur Banque Centrale, et avec elle l'ensemble des compétence nécessaire à la gestion d'une souveraineté monétaire. Bien entendu, la pertinence de cet argument tend à s'amoindrir avec le temps. Ce qui était vrai en 1959 et 1960 ne l'était plus dans les années 1970 et les années 1980.
Les problèmes que posent le maintien du franc CFA
Mais, le maintien du franc CFA soulevait, et soulève toujours, de nombreux problèmes. Le premier tient à sa structure même. Le franc CFA repose largement sur une structure liant les pays concernés à la France. Les réserves de change sont détenues par le Trésor français (non, contrairement à ce qu'a dit Emmanuel Macron, elles ne sont pas sous le contrôle de la BCE). La politique monétaire est très largement supervisée par la Banque de France et par le Trésor français, une situation qui n'est pas favorable — et c'est un euphémisme — au développement d'une responsabilité dans les affaires monétaires dans les pays concernés.
Vrais problèmes et fausses évidences
Les problèmes créés par le franc CFA sont aujourd'hui devenus sans doute plus évidents que ses avantages. D'où l'importance prise par la question de la dissolution du franc CFA.
Le franc CFA contribue à acheter des fractions des populations et à leur faire penser qu'elles n'ont pas d'avenir hors du cadre néocolonial. Par ailleurs, l'idée d'utiliser les réserves aujourd'hui détenues par le Trésor français pour financer le développement est un non sens. Car, un pays avec sa propre monnaie aura encore plus besoin de réserves que s'il était dans le cadre du franc CFA. Par contre, un pays avec sa propre monnaie, et donc non lié au franc CFA, pourrait laisser cette monnaie se déprécier quand les prix des matières premières baissent, et ainsi maintenir le volume (en monnaie locale) des investissements.
La centralité du problème politique
L'un des principaux défis posés par le franc CFA est qu'il maintient les pays qui l'utilisent dans l'illusion qu'ils pourront se passer d'institutions qui sont néanmoins nécessaires, et qu'ils peuvent continuer avec des systèmes de gouvernement qui sont largement corrompus ou plus précisément des systèmes patrimoniaux et prédateurs. Ces défis doivent être relevés. De ce point de vue, la critique la plus radicale que l'on peut faire au franc CFA est le fait qu'il contribue à maintenir les pays qui l'utilisent dans un système politique archaïque et pervers. Ce simple fait est largement suffisant pour le condamner aux yeux de l'histoire, mais aussi des peuples.
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