Beaucoup de journaux et de citoyens britanniques demandent à leur Première ministre de clairement signifier au chef d'État américain qu'il n'était plus le bienvenu dans leur pays et posent la question, malgré la persistance de May à la maintenir, de la viabilité de cette prétendue «relation exceptionnelle» qui lie les États-Unis au Royaume-Uni depuis des décennies.
.@Theresa_May, don’t focus on me, focus on the destructive Radical Islamic Terrorism that is taking place within the United Kingdom. We are doing just fine!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 30 ноября 2017 г.
Bien que Donald Trump soit connu pour ce genre de déclarations qui n'engagent que lui et qui peuvent ne pas refléter les futures décisions de politique étrangère américaines, les différents entre les deux pays sont bien plus profonds pour qu'ils soient réduits à une simple histoire de tweet. Qu'en est-il vraiment?
La question économique
Déjà pendant sa campagne électorale, le candidat Trump avait promis, s'il était élu, de mettre un terme à tous les traités de libre échange, TTIP et TPP, sur lesquels son prédécesseur et les gouvernements européens, en particulier celui du Royaume-Uni, ont ardemment travaillé. Les Britanniques voient d'un très mauvais œil la mise au placard de ces traités, car cela pénalisera évidement leur redoutable outil stratégique avec lequel ils pèsent dans l'économie mondiale, à savoir, la City de Londres, la première place financière du monde, à travers laquelle passeront toutes les transactions, et c'est probablement dans cette vision que l'élite britannique a promu le Brexit, afin de placer la City libérée des contraintes européennes, au centre de l'économie mondiale. Il est à noter que ceci a permis aux entreprises pétrolières britanniques de se soustraire aux sanctions votées et imposées à toutes les autres entreprises européennes par le congrès américain.
Ces déclarations optimistes ne concordent pas du tout avec celles de Trump qui lui les remet en cause en bloc et veut se concentrer exclusivement sur son pays, qui a déclaré le jour de son investiture:
«À partir de ce jour, ce ne sera que l'Amérique d'abord. Toute décision sur le commerce, sur les impôts, sur l'immigration, sur les affaires étrangères sera faite au profit des travailleurs américains et des familles américaines». «Nous devons protéger nos frontières contre les ravages des autres pays qui fabriquent nos produits, en volant nos entreprises et en détruisant nos emplois» a-t-il ajouté.
La question géopolitique
À son arrivée au pouvoir, Donald Trump a commencé à refonder la politique extérieure des États-Unis en utilisant trois vecteurs majeurs que sont: l'Otan, la lutte contre le terrorisme et l'ouverture vers la Russie et la Chine.
Concernant l'Alliance atlantique, sachant la défense européenne mise sous le parapluie de cette dernière depuis la ratification du traité de Lisbonne en 2007 par le Parlement européen, les Européens pensant qu'ils étaient protégés par la puissance américaine via l'Otan ont procéder à la diminution de leurs budgets et effectifs militaires. Alors qu'en ce moment Trump demande à tout le monde d'assumer sa part dans les engagements de l'Alliance, en signifiant que les États-Unis n'assumeront plus, à eux seuls, comme avant et le budget et les questions de défenses. Ce qui met les gouvernements européens dans un grave embarras, comme le montre la démission du chef d'état-major des armées françaises cet été.
Son deuxième cheval de bataille est la question du terrorisme et des changements de régimes, dans lesquels le Royaume-Uni tout comme la France se sont activement impliqués, en particulier en Syrie et en Libye. Trump s'est fermement prononcé pour une solution politique en Syrie en sauvegardant l'unité du pays. Lors d'un récent entretien téléphonique avec Vladimir Poutine, il a employé ces mots:
«assurer la stabilité d'une Syrie unifiée et libérée de toute intervention nuisible et de refuges pour des terroristes», ainsi que «trouver une solution pacifique à la guerre civile en Syrie».
Il a aussi sommé les monarchies du Golfe, lors de sa dernière visite en Arabie saoudite, à stopper leur aide aux groupes armés.
En plus du fait que cela rouvre petit à petit la route de la soie chinoise et remet sur la table le Nord Stream russe, que ces guerres ont tenté de saboter, il a effectué une tournée asiatique, où il rouvert un horizon de développement mutuel avec la Chine et probablement plus tard avec l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS), que l'Inde et le Pakistan viennent de rejoindre, ce qui met l'Europe dans une position difficile, mais surtout le Royaume-Uni, qui voit son projet de Brexit tomber à l'eau, puisque l'objectif de faire de la City le centre de gravité du monde et de se positionner comme intermédiaire entre l'Europe, la Russie et la Chine d'un côté et les États-Unis de l'autre n'est plus d'actualité.
Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur