«Il s'agit donc soit de négligence, soit de l'implication d'un agent du Tribunal», a déclaré M. Petronijevic.
Cet acte est d'autant plus intrigant car si le général Praljak n'avait pas pris de poison, il aurait été prochainement libéré. En effet, il s'était trouvé à La Haye depuis avril 2004, c'est-à-dire presque 14 ans. Le TPIY a pour habitude de libérer les condamnés ayant accompli les deux tiers de leur peine.
Bien que Praljak ait déclaré qu'il n'était pas un criminel de guerre avant de s'empoisonner, le Tribunal en a jugé autrement. La chambre d'appel du TPIY, ayant étudié le recours des six croates de Bosnie, parmi lesquels l'ex-Premier ministre de la «République croate d'Herceg-Bosna» autoproclamée Јadranko Prlic, a décidé de le rejeter. Ils ont été reconnus coupables d'«entreprise criminelle commune» commise à l'égard des musulmans bosniaques. Le Tribunal a établi que cette cellule criminelle avait été dirigée par l'ex-Président croate Franjo Tudjman, ainsi que par le ministre de la Défense et le chef de l'état-major croates, qui avaient pour but de rétablir les frontières historiques de la Croatie. Autrement dit, les ex-leaders croates, dont les actions avaient été auparavant jugées comme étant de l'autodéfense, ont été reconnus coupables de crimes de guerres.
«Il y une sorte de pacte de non-agression, et [un des leaders bosniaques] Bakir Izetbegovic n'utilisera pas ce prétexte, et gardera le silence», juge-t-il.
Selon Danijel Simic, rédacteur du média «Frontal» dans la République serbe de Bosnie, le TPIY a tenté de prouver que la Bosnie-et-Herzégovine était «une vache sacrée» que personne n'a le droit de toucher, dénonçant pour cette raison le projet d'un État croate au sein de la Bosnie-Herzégovine (Herceg-Bosna) et celui de la République serbe de Bosnie. Le TPIY a également condamné le commandant de l'armée de la République serbe de Bosnie, Ratko Mladic, à la réclusion à perpétuité.
Le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie a été inauguré en 1993 afin d'enquêter sur les crimes commis durant la guerre de Yougoslavie (1991-2001). Depuis sa création, le TPIY a inculpé 161 personnes.