Quelques années avant son éclatement, la Yougoslavie développait un programme nucléaire, mais à l'époque, alors que la santé de Tito se dégradait progressivement, les responsables yougoslaves réfléchissaient plus à l'indépendance qui s'annonçait des Républiques composant l'État fédéral, a déclaré à Sputnik Filip Kovacevic.
L'universitaire a raconté qu'en février 2016, il avait demandé à la CIA la permission d'étudier les documents liés au programme nucléaire yougoslave. Une année plus tard, il a reçu 84 pages de documents, accompagnées d'une lettre indiquant que certains documents ne pouvaient pas être mis à sa disposition pour des raisons de sécurité nationale.
«Selon les documents, tout de suite après la Seconde Guerre mondiale, la Yougoslavie s'est mise à coopérer avec les États-Unis en vue de promouvoir son propre programme nucléaire, en envoyant notamment ses étudiants dans des universités américaines pour étudier des disciplines appropriées», a poursuivi l'interlocuteur de l'agence.
Et de rappeler qu'en 1952, en coopération avec les chercheurs de la Société américaine de géologie (GSA), deux grands gisements d'uranium avaient été découverts sur le territoire yougoslave, notamment en Slovénie et en Macédoine.
«Les documents montrent que la direction politique de la Yougoslavie avec Tito à sa tête ne coopérait avec l'Occident et l'Est que dans la mesure qui correspondait strictement aux intérêts de Belgrade. Quand les Américains refusaient de donner quoi que ce soit à la Yougoslavie, cette dernière s'adressait aux Russes et vice versa», a constaté M.Kovacevic.
D'après une recherche secrète de l'époque, la Yougoslavie avait suffisamment de possibilités et de ressources pour se doter de l'arme nucléaire vers 1980, mais tout dépendait alors de la volonté politique de la direction où Tito, gravement malade, ne jouait plus de rôle dominant.
«Je pense toutefois que la possession de la bombe atomique aurait pu sauver la Yougoslavie de son effondrement cruel et sanglant», a résumé l'interlocuteur de Sputnik.