«Je vais vous dire les choses très carrément, quand j'étais ministre c'était un peu difficile à dire, mais mon directeur de l'évaluation est venu me voir, c'était un type très bien, polytechnicien, mais pas idiot pour autant. Il m'a dit: "Si on supprimait les 15% de quartiers pourris qu'il y a en France, avec des établissements dans lesquels il y a 98 nationalités et où on n'arrive pas à faire cours, et bien nous serions classés numéro 1 dans Pisa.»
Pour l'ancien ministre, les inégalités que subissent les jeunes des quartiers difficiles ne sont pas à prendre en compte dans le cadre de l'école.
«Pas seulement les inégalités sociales mais le fait que vous avez en effet 15% d'établissements dans lesquels…», alors interrompu par la journaliste, il enchaîne en disant: «Je vous mets vous, chère amie, dans un établissement un peu compliqué du 9-cube [le 93, ndlr], et vous ressortez en tutu dans le quart d'heure! (…) Les profs ne peuvent pas faire cours». «La solution, c'est de casser les quartiers», préconise-t-il.
Puis Luc Ferry enchaîne furieusement, en dédouanant les politiques des différents gouvernements et l'éducation nationale de toute responsabilité dans le naufrage de l'école: «L'école ne peut pas résoudre les problèmes de la société. L'école ne peut résoudre les problèmes des inégalités entre les quartiers. On ne peut pas, quand il y a 98 nationalités, qu'on ne parle pas bien le français, que les profs n'arrivent pas à faire cours, on ne peut pas tout renvoyer à l'école (…) Il faut que la société aide l'école», conclut-il.
Ce projet, intitulé «Orientation et réussite des étudiants», ne fait pas l'unanimité. Il est ainsi fortement critiqué par plusieurs syndicats lycéens, étudiants, Union nationale des étudiants de France (UNEF), et d'enseignants-chercheurs, Syndicat national de l'enseignement supérieur (Snesup), qui dénoncent «une sélection déguisée».