Les travailleurs détachés en colère «à l’assaut» de la frontière belge (images)

© AFP 2024 PHILIPPE HUGUEN La frontière française
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Ils se disent «exclus de l'Europe» et n'entendent pas le rester: les travailleurs détachés manifestent aux frontières avec la Belgique et l'Italie ou encore l'Espagne, afin d’exprimer leur colère face à l'exclusion du transport routier de la nouvelle directive européenne sur le travail détaché.

Au moins 200 travailleurs détachés se sont mobilisés sur l'autoroute, à hauteur de Menin, à la frontière franco-belge, et une cinquantaine d'autres bloquent l'accès du tunnel du Fréjus en Savoie, entre la France et l'Italie, relatent les médias locaux.

Vers 6h30, les manifestants, à pied, bloquaient avec des palettes, dans le calme, la rampe d'accès du tunnel côté français, à Modane en Savoie. De nombreux camions étaient empêchés de passer dans les deux sens et commençaient à se mettre à la queue leu leu.

Le tunnel du Fréjus relie Modane à la ville italienne de Bardonecchia dans le Piémont.

«Nous demandons à l'Europe de prendre les mesures pour combattre ce dumping social et pour faire en sorte qu'il y ait une concurrence loyale», a déclaré Roberto Parrillo de la Fédération européenne des travailleurs des transports (FET).

Les syndicats routiers (CFDT, CGT, FO, CFTC, CGE-CGC) ont annoncé mercredi des actions pacifique le 21 novembre aux frontières françaises pour protester contre l'exclusion «scandaleuse» du transport routier de la nouvelle directive européenne sur le travail détaché.

Les routiers détachés sont «des esclaves modernes», «sous-payés» et vivant sur «les parkings» français dans des conditions d'hygiène, parfois «à la limite de la misère», a fait remarquer Thierry Douine (CFTC).

Sur le fond, les propositions mises sur la table par la Commission au printemps inquiètent aussi les syndicats. En l'état, ils redoutent «un impact désastreux sur les conditions de travail, les temps de conduite et repos, les rémunérations». Elles permettraient «56 heures de travail par semaine pendant 2 à 3 semaines», a souligné M. Michaud (CGT) en alertant sur les «conséquences sur la sécurité des biens et des personnes».

Les deux tiers des travailleurs détachés en France viennent principalement d'Espagne, du Portugal, d'Allemagne et avant tout de Pologne, qui profite le plus de cette directive et qui est farouchement hostile à toute réforme.

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Toujours est-il que pour Emmanuel Macron, cette peur du «plombier polonais» est explicable: la directive constitue selon lui une concurrence déloyale pour le marché du travail français et est injuste pour les travailleurs français. La réponse de Varsovie a été cinglante, «l'arrogance» d'Emmanuel Macron étant sans doute due à son inexpérience» et «le chef de l'État français ne pouvant décider seul de l'avenir de l'Europe». Quoi qu'il en soit, les ministres du Travail de l'UE sont finalement parvenus le 23 octobre à un compromis sur la réforme de la directive du travail détaché, malgré l'opposition de la Pologne et de trois autres pays, la Hongrie, la Lettonie et la Lituanie. 

Pour obtenir un compromis au sein de l'UE, la France a accepté en octobre d'exclure le transport routier de la directive révisée sur le travail détaché. Pour ce secteur hyperconcurrentiel, l'ancien texte continuera de s'appliquer jusqu'à la réforme du "paquet mobilité" concernant la profession.

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