Le marché des paiements mobiles en Chine progresse à pas de géant. En 2016, le volume total des paiements mobiles a atteint 5,500 milliards de dollars. C'est 50 fois plus élevé que sur le marché américain, 112 milliards de dollars. Dans les grandes villes chinoises — Pékin, Shanghai, Guangzhou, Hangzhou — le paiement via les téléphones mobiles est accepté presque partout. Plus de 80% des supermarchés acceptent les paiements via les services Alipay ou WeChat, et le même nombre de petits commerçants se procurent des codes QR pour faciliter l'achat. Les chauffeurs de taxi refusent même de prendre de l'argent liquide. En outre, avec l'aide du paiement mobile, vous pouvez faire des dons aux temples. Le journal South China Morning Post cite un commerçant de légumes dans un marché de Guangzhou, qui déclare que sans les paiements mobiles, son business serait en faillite.
La réponse peut sembler paradoxale: le retard technique, car les pays sans infrastructure existante peuvent développer les technologies les plus avancées à partir de zéro. Désormais, selon les statistiques, un seul Chinois sur cinq n'a pas d'accès aux services bancaires traditionnels. Dans le même temps, il n'y a que 55 DAB et 8 succursales bancaires pour 100.000 habitants contre ont 222 DAB et 28 succursales aux États-Unis. Les Américains ont l'habitude de payer avec des cartes de crédit et de débit et ils n'ont pas besoin de passer à la nouvelle technologie des paiements mobiles. Mais le sous-développement d'une telle infrastructure en Chine l'a aidée à franchir l'ère des cartes bancaires. Selon Guo Tianyong, directeur du Centre bancaire de l'Université centrale de l'économie et des finances de la République populaire de Chine, les nouvelles technologies s'améliorent, car elles n'ont pas de concurrents.
«Bien qu'aux États-Unis il existe des services de paiement mobile, comme Applepay, en Chine, ils sont beaucoup plus développés. Mais le fait est que les services bancaires sont moins développés. (…) Pour la population chinoise, qui n'avait que de l'argent liquide, c'est une véritable percée. Une personne peut oublier sa carte bancaire, mais son portable est toujours avec elle. Pour les vendeurs, les paiements mobiles sont également beaucoup plus pratiques. Des cartes bancaires nécessitent des équipements coûteux, comme par exemple un terminal. Alors que pour les paiements mobiles, il suffit aux commerçants d'ouvrir un porte-monnaie électronique et d'imprimer son code QR. Par conséquent, les paiements mobiles pour tous en Chine étaient beaucoup plus faciles et plus pratiques», a-t-il déclaré.
«Il y a eu des fraudes avec les cartes bancaires et les paiements mobiles. Aucune méthode de paiement ne peut être absolument sûre. Cependant, le bien vainc toujours le mal, les technologies chinoises dans le domaine de la prévention de la cybercriminalité ne cessent de se développer», a souligné M.Tiangyong.
Mais il reste encore une question. Pour ouvrir un porte-monnaie électronique et utiliser le service de paiement mobile, que ce soit Alipay ou Wechat, il faut y attacher une carte bancaire. Si la carte est nécessaire, pourquoi ouvrir en plus un portefeuille électronique? Pourquoi ne pas utiliser simplement une carte, comme dans les pays occidentaux et en Russie? Il existe une nuance: il est facile d'obtenir une carte de débit en Chine, mais pas une carte de crédit. Les banques chinoises fournissent traditionnellement avec une grande méfiance et réticence des prêts aux particuliers. Cette situation a fait le jeu d'Alibaba et de Tencent, propriétaires des services de paiement mobile.
Obtenir une carte de crédit est extrêmement difficile étant donné le manque d'historique de crédit parmi la majorité de la population. Mais les smartphones sont utilisés presque partout: en Chine, il y a déjà 751 millions d'internautes, et 96% d'entre eux utilisent principalement l'Internet mobile. Par conséquent, il n'est pas exclu que la Chine devienne bientôt le premier pays au monde à bâtir une société sans argent liquide.