4,6 milliards de dollars seront spécifiquement destinés au «réfrénement de l'agression russe en Europe» et le projet de budget implique également l'abandon des logiciels du Laboratoire Kaspersky par toutes les structures gouvernementales américaines au profit d'un autre sous-traitant. Selon Gazeta.
Le projet de loi prévoit également de dépenser 65,8 milliards de dollars du contribuable pour les opérations étrangères du Pentagone. «Au total, le plafond est fixé à 700 milliards de dollars, soit 26,1 milliards de plus par rapport à la requête du président», indique le document rédigé sous la direction du président du comité du Sénat pour les forces armées John McCain. A présent, le texte devra être signé par le président américain Donald Trump.
A titre de comparaison, pour l'année fiscale 2017 le budget militaire américain s'élevait à 619 milliards de dollars.
Il est notamment prévu d'allouer 4,6 milliards de dollars au programme «Initiative européenne de réfrénement» dirigé contre l'«influence de la Russie».
L'année dernière, 3,4 milliards de dollars étaient alloués à ces fins — plus précisément pour déployer en Europe un contingent supplémentaire de l'Otan.
«Les actions agressives continues de la Russie, y compris l'invasion de la Géorgie en 2008 et de l'Ukraine en 2014, les menaces pour les membres de l'Otan, la modernisation militaire rapide, le renforcement de l'activité militaire dans la région arctique et en Méditerranée, le développement des capacités et de la doctrine nucléaire, la violation du Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (TFI) et du Traité Ciel ouvert sont un défi pour les intérêts de la sécurité des USA et des intérêts de nos alliés et partenaires en Europe», expliquent les auteurs du texte.
Une somme relativement modeste — 100 millions de dollars — est attribuée par le Congrès aux pays baltes pour augmenter leur «résistance face à l'agression russe» et leurs capacités pour y faire face.
Le Congrès est prêt à attribuer 58 millions de dollars supplémentaires pour la recherche et l'élaboration d'un missile à portée intermédiaire qui n'enfreindrait pas le TFI. Comme l'indique le document, il s'agit d'une «réponse à la violation du traité par la Russie».
Le président russe Vladimir Poutine a récemment appelé les USA à préciser en quoi consistaient ces infractions. «Nous entendons des reproches de la part de certains partenaires des USA selon lesquels la Russie aurait enfreint ce traité. Dans ce cas, il faut nous montrer ce que nous transgressons. En Roumanie se trouvent des vecteurs qui peuvent être parfaitement utilisés non seulement pour les antimissiles, mais également pour les systèmes Trident — des missiles à portée intermédiaire déployés en mer, qui peuvent être installés sur terre et utilisés comme des missiles terrestres à portée intermédiaire. Voilà une violation directe», avait déclaré le chef de l'État russe.
Viktor Bondarev, chef de la commission du Conseil de la Fédération (chambre haute du parlement russe) pour la défense et la sécurité, a déclaré que la Russie respectait rigoureusement les termes du TFI.
«Les USA ont menacé plusieurs fois de quitter le TFI. Si ces menaces étaient mises à exécution alors, évidemment, la Russie y réagirait immédiatement et symétriquement», a-t-il précisé.
Hormis cette guerre ouverte violant le régime du TFI, le Congrès a également interdit au gouvernement américain d'utiliser les logiciels développés par le Laboratoire Kaspersky parce que les informations qu'ils recueillent pourraient être sensibles pour les autorités russes. Le document exhorte le Pentagone à élaborer et à intégrer une stratégie pour lutter contre la menace informatique russe.
Dans le même temps, le projet de loi implique la mise à disposition de la moitié de cette somme tant que le ministre américain de la Défense ne confirmera pas que l'Ukraine a pris des mesures significatives pour la réforme du secteur de la défense, qui est nécessaire pour maintenir le potentiel militaire créé avec l'aide des USA.
Si le document approuvé par le Congrès était signé par Donald Trump, le budget de la défense des USA pour l'année fiscale 2018 serait le plus important de l'histoire, a noté Konstantin Makienko, directeur adjoint du Centre d'analyse stratégique et technologique.
D'après lui, un budget militaire aussi immense est un «signe de dysfonctionnement politique des USA». «Cela signifie que dans leur système politique quelque chose ne fonctionne pas, et ils se comportent de manière inappropriée. Ce budget le plus élevé de l'histoire est un signe d'inadéquation. Il n'y a absolument pas de menaces justifiant aujourd'hui un tel budget», a-t-il souligné.
Selon l'expert, les Américains sont disposés à quitter le TFI et c'est pour cette raison qu'ils accusent une nouvelle fois la Russie de l'avoir enfreint. Le TFI entre les USA et l'URSS est entré en vigueur en 1988 après avoir été signé par Mikhaïl Gorbatchev et Ronald Reagan. Le document interdit l'usage et le déploiement de missiles balistiques et de croisière terrestre à courte (500-1000 km) et moyenne (1000-5500) portée.
«Les USA nous soupçonnent d'enfreindre ce traité à cause des Iskander, alors que de notre côté nous les accusons de déployer en Roumanie des vecteurs qui pourraient être théoriquement utilisés pour les missiles de croisière à portée intermédiaire», rappelle Konstantin Makienko.
Le sénateur Viktor Bondarev, ancien commandant de l'armée de l'air russe, a souligné le 19 octobre que les nouveaux systèmes opérationnels tactiques russes Iskander-M ne transgressaient pas le TFI.
«Les nouveaux missiles Iskander-M testés hier n'enfreignent pas le Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire parce que leur portée ne dépasse pas 500 km», a répété le général, traduisant la position officielle de l'État russe.
Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur de l'article repris d'un média russe et traduit dans son intégralité en français.