Différents événements politiques et, en premier lieu, les tensions actuelles entre Ankara et Washington alimentent au sein de la société turque de vives discussions sur le stockage d'armes nucléaires sur le territoire du pays, a reconnu dans un entretien accordé à Sputnik Nurşin Ateşoğlu Güney, spécialiste des questions de sécurité et du nucléaire civil.
«La Turquie a signé le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et a interdit le déploiement sur son territoire de toute arme nucléaire que ce soit, à part celles de l'Otan. Il y a des critères stricts concernant l'utilisation et le stockage de telles armes en temps de guerre et de paix. Compte tenu de tout cela, je pense que la présence d'éléments nucléaires en Turquie ne doit pas susciter de craintes du point de vue de sécurité», a expliqué l'interlocutrice de l'agence.
Selon cette dernière, la présence d'armes nucléaires de l'Otan sur le territoire de la Turquie doit être considérée avant tout comme une mesure de sécurité, de prévention et de dissuasion.
Un autre interlocuteur de Sputnik, le politologue turc Mehmet Ali Güller a exprimé un point de vue opposé sur cette question.
«Depuis l'époque de la guerre froide, les États-Unis considèrent la Turquie comme une tête de pont pour la réalisation de leur stratégie antirusse. La base d'Incirlik est toujours extrêmement importante pour les Américains du fait de sa situation géographique et stratégique», a souligné M. Güller.
Et de préciser que cette base donnait aux États-Unis une possibilité d'ingérence militaire sur une très large étendue du Caucase, de la mer Noire et de l'est de la Méditerranée jusqu'au golfe Persique.
«Autrement dit, l'arme nucléaire déployée sur le territoire turc représente une grave menace tant pour la Turquie elle-même que pour ses voisins», a prévenu l'expert.
Il a souligné que les bombes atomiques stockées sur la base aérienne turque d'Incirlik ne servaient pas du tout à protéger la Turquie.
«La Turquie doit tout d'abord résilier l'accord sur l'utilisation de la base la base aérienne turque d'Incirlik, signé entre le gouvernement du Parti de la justice et du développement turc (AKP) et les États-Unis le 20 juillet 2014, fermer ensuite la base de Kürecik, mettre fin à la présence militaire des Américains à Incirlik et à Diyarbakır», a martelé l'expert.