Le ministère russe de la Défense a commenté les possibilités d'une participation de l'aviation syrienne à l'attaque chimique de Khan Cheikhoun, en Syrie.
«Après avoir examiné les données présentées [par l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques], je vois quelques éléments qui empêchent de conclure qu'une telle arme chimique sous la forme d'une bombe aérienne ait pu être utilisée par un Su-22 appartenant aux forces aériennes syriennes», a déclaré le représentant du ministère russe de la Défense.
Il a également mentionné que l'OIAC n'avait pas évoqué la présence d'ailerons stabilisateurs d'une bombe, qui auraient absolument dû être trouvés si les armes chimiques avaient été larguées à partir d'un avion.
«On ne trouve nulle part dans le rapport la mention d'un stabilisateur, ce qui aurait certainement confirmé l'apparition d'un cratère comme résultat d'un larguage de bombes. Les matériaux présentés ne peuvent confirmer l'utilisation d'une arme chimique telle qu'une bombe aérienne larguée d'un avion Su-22 des forces syriennes», a-t-il poursuivi.
Par ailleurs, le représentant du ministère russe de la Défense a souligné que le cratère à Khan Cheikhoun avait des contours rectangulaires, tandis qu'une bombe larguée par un avion aurait créé un cratère de forme ronde ou elliptique. L'asphalte à l'endroit où la bombe a explosé était également enfoncé profondément à l'intérieur du cratère.
«Tout ceci nous permet de conclure qu'au moment de l'explosion l'engin explosif était statique sur la surface de l'asphalte», a-t-il relaté.
De son côté, le directeur du Département sur la non-prolifération et le contrôle des armes du ministère russe des Affaires étrangères, Mikhaïl Oulianov, a souligné le caractère intenable, du point de vue technique, des accusations à l'encontre de Damas.
«Si l'avion a emprunté la direction enregistrée par les États-Unis, et que l'on voit sur les photos, il n'a pas pu, techniquement, frapper Khan Cheikhoun. Donc, la version principale, présentée dans le rapport du Mécanisme d'enquête conjoint OIAC-ONU, vole en éclats. Techniquement, cela était impossible», a-t-il déclaré.
Comme l'indique M. Oulianov, l'OIAC essaie d'induire en erreur la communauté internationale relativement à l'enquête sur l'utilisation des armes chimiques en Syrie.
«Le 4 octobre, le directeur du département responsable des questions de sécurité au sein du secrétariat de l'Onu, le département qui s'occupe de la sécurité du personnel international sur le terrain, s'exprimait devant le Conseil de sécurité de l'Onu. Il a déclaré qu'en réalité les garanties de sécurité avaient été données par les chefs de guerre locaux qui contrôlaient la situation à Khan Cheikhoun. Toutefois, la mission de l'OIAC n'a pas voulu saisir cette occasion et a donc mené son enquête purement à distance. […] C'est déjà là un scandale: nous sommes devant une tentative d'induire en erreur la communauté internationale», a-t-il conclu.
L'opposition syrienne a annoncé, le 4 avril, qu'une attaque aux armes chimiques avait fait 80 morts et 200 blessés à Khan Cheikhoun, dans la province d'Idlib, accusant les troupes gouvernementales syriennes d'être à l'origine de la dispersion chimique. Le commandement syrien a rejeté la responsabilité de l'incident sur les djihadistes et leurs alliés. Les autorités du pays ont rappelé qu'elles n'avaient jamais utilisé d'armes chimiques contre les civils et les terroristes et que l'arsenal chimique syrien avait été retiré du pays sous le contrôle de l'OIAC.