«À part les représentants du Kurdistan irakien, personne n'a bougé un doigt pour sauver les Yézidis. L'Europe, qui parle de son engagement envers les droits de l'Homme, et les forces de la coalition dirigée par les États-Unis n'ont rien fait. Personne n'a rien fait à part les autorités du Kurdistan irakien», a-t-il avoué, soulignant qu'il n'avait pu sauver que 334 personnes grâce à l'aide de ses amis.
D'après lui, sur ces 334 personnes, seulement 8 ont été sauvées en Irak, contre 326 en Syrie.
«Nous avons sauvé des gens à Raqqa, à Deir ez-Zor, à Alep et dans d'autres régions. Reculant dans les endroits où ils essuyaient des pertes, les terroristes embarquaient avec eux des prisonniers, en les utilisant comme boucliers», a-t-il ajouté, ajoutant qu'il continuerait cette mission «jusqu'à ce que le dernier Yézidi soit sauvé».
Beaucoup de réfugiés yezidis à Dohuk ont refusé de parler, tellement les souvenirs des horreurs vécues étaient fraîches dans leur mémoire. Néanmoins, parmi ceux qui ont accepté de parler, il y avait cette fillette de neuf ans, qui a requis l'anonymat et qu'on évite de la prendre en photo. Si les terroristes de Daech la reconnaissaient, disait-elle, ils pourraient tuer sa famille toujours en captivité.
«Lorsque nous étions sous l'emprise de Daech, les djihadistes nous montraient souvent une vidéo où l'on pouvait voir comment ils tuaient les gens. En nous montrant cette vidéo, ils voulaient nous faire peur. Ils disaient qu'ils tuaient tous ceux qui transmettaient des informations aux Peshmergas. J'ai vu de mes propres yeux comment ils ont poignardé une femme dans la poitrine dans une rue de Raqqa», a-t-elle déploré, ajoutant que ses trois frères aînés et sa sœur étaient toujours prisonniers de Daech.
De son côté, le directeur du centre de secours au Yézidis, Hüseyin el Kaidi, a déclaré à Sputnik que lors des opérations effectuées par le centre, 3.157 personnes ont été sauvés tandis que 3.200 autres restaient toujours entre les mains de Daech.
«À part nous, plus aucune organisation ne s'occupe de la libération de personnes détenues. Nous avons demandé de l'aide au gouvernement irakien, aux États-Unis et aux autres pays européens, mais personne ne nous a aidés», a-t-il relaté, rappelant que le centre avait été créé en octobre 2014 sur décision du premier ministre du Kurdistan irakien, Netchirvan Barzani.
Comme l'indique Hüseyin el Kaidi, parmi les prisonniers se trouvent également des ressortissants d'autres pays, mais la majorité sont des Yézidis.
«Comme nous l'avons mentionné, Daech a enlevé 6.417 Yézidis. Nous avons sauvé 3.157 personnes dont 1.121 femmes, plus de 1.700 enfants et 335 hommes. Selons nos informations, environ 3.200 personnes se trouvent toujours entre les mains de Daech. Nous fournissons tout le nécessaire à ceux que nous sauvons. En conformité avec leur volonté, nous les emmenons chez eux ou bien les installons dans les camps pour les refugiés. La plupart sont dans un état moral déplorable, ils sont besoin de soutien psychologique ainsi que de médicaments. Nous avons vraiment besoin du soutien de la communauté internationale», a-t-il conclu.
Les Yézidis forment une minorité confessionnelle. Ils sont adeptes d'un monothéisme issu d'anciennes croyances kurdes. On retrouve en effet de nombreuses similitudes entre le yézidisme actuel et les religions de l'Iran ancien. L'Onu et le gouvernement irakien ont reconnu comme un génocide les persécutions des Yézidis par Daech.