Ce n'est pas Vladimir Poutine mais l'islamiste Recep Tayyip Erdogan, le «dictateur» de la Turquie qui présente une menace pour l'Otan, affirme Daniel Pipes, président du Forum du Moyen-Orient, dans les pages du Washington Times. Sa politique menace de miner l'Alliance, estime l'expert.
«Non, il ne s'agit pas d'amener les États membres à respecter les niveaux de dépenses convenus en matière de défense. Ou de trouver un rôle après l'effondrement soviétique. Ou de résister à la Russie de Vladimir Poutine. Il s'agit plutôt de Recep Tayyip Erdogan», lit-on dans l‘article.
Les principes fondamentaux de l'Otan définissent le but de l'alliance: «sauvegarder la liberté, le patrimoine commun et la civilisation des peuples [des États membres], fondée sur les principes de la démocratie, de la liberté individuelle et de l'État de droit». Jusqu'à l'effondrement de l'URSS en 1991, cela signifiait contenir et vaincre le Pacte de Varsovie.
Déjà en 1995, le Secrétaire général de l'Otan Willy Claes notait que «le fondamentalisme est au moins aussi dangereux que le communisme». Une fois la guerre froide terminée, il a déclaré que «le militantisme islamique est peut-être la menace la plus grave pour l'alliance de l'Otan et pour la sécurité occidentale».
M.Erdogan, cependant, a empêché la mise en œuvre du plan anti-islamisme de l'Otan. Plutôt que de consolider la lutte contre l'islamisme, les 28 autres membres ont cédé aux islamistes dans leurs rangs, souligne l'auteur.
Les 28 membres se taisent au sujet de la quasi-guerre civile que le régime turc mène dans le sud-est de l'Anatolie contre ses propres citoyens kurdes. L'émergence d'une armée privée (appelée SADAT) sous le contrôle exclusif de M.Erdogan ne semble pas les déranger.
La maltraitance des ressortissants des pays membres de l'Otan ne dérange guère ses responsables: ni l'arrestation de 12 Allemands, ni la tentative d'assassinat de Turcs en Allemagne, ni la prise en otage d'Américains en Turquie, ni les violences répétées contre les Américains aux États-Unis, ajoute l'expert.
L'Otan a un choix. Elle peut poursuivre sa politique actuelle, dans l'espoir que M.Erdogan ne soit qu'un épisode et que la Turquie retournera en Occident. Ou elle peut juger que l'utilité de l'Otan est trop importante pour la sacrifier à cette possibilité spéculative et prendre alors des mesures résolues pour suspendre l'activité de la Turquie au sein de l'Otan jusqu'à ce qu'elle se comporte à nouveau comme un allié, résume Daniel Pipes.