Commentant la crise dans les relations entre Ankara et Washington, le Président turc Recep Tayyip Erdogan a comparé son pays à un lion privé de griffes.
«[Les Américains] veulent encercler la Turquie et la dompter comme on le fait avec un lion privé de ses griffes. Ils sont habitués à l'ancienne Turquie et ne reconnaissent pas la Turquie forte. Notre décision de défendre l'indépendance de la Turquie est très préoccupante pour certains», a déclaré le chef de l'État turc intervenant devant les gouverneurs réunis à Ankara.
Il a accusé l'ambassadeur américain en Turquie John Bass d'avoir initié la crise des visas.
Le Président turc a par ailleurs accusé les États-Unis de livrer des armes aux Peshmergas kurdes, considérés par Ankara comme une organisation terroriste liée au Parti des travailleurs du Kurdistan, interdit en Turquie.
«Lorsque nous voulons vous acheter des armes, vous vous référez au Congrès. Alors que vous les livrez gratuitement à une organisation terroriste. 3.500 camions chargés d'armes ont été acheminés dans le nord de la Syrie. Qui peut affirmer que le couloir antiterroriste le long de notre frontière sud avait été créé pour lutter contre Daech? L'objectif est d'encercler la Turquie? Ils estiment que nous sommes aveugles et sourds. Mais la Turquie d'antan n'existe plus», a martelé Recep Erdogan.
Depuis quelques mois, les relations entre Ankara et Washington sont au plus bas. Les missions diplomatiques turques sur le territoire américain ont suspendu hier la délivrance de visas aux citoyens américains, hors visas d'immigration, invoquant la nécessité «d'étudier de nouveau la question des engagements du gouvernement américain concernant la sécurité des missions diplomatiques turques et de leur personnel». Par cette démarche, Ankara espère «réduire au minimum» le nombre de visiteurs des ambassades et des consulats aux USA.
La même annonce avait été faite la veille par l'ambassade américaine à Ankara: les USA avaient suspendu la délivrance de visas non immigrants aux citoyens turcs après l'arrestation à Istanbul de Metin Topuz, employé du consulat général américain.
Les autorités turques soupçonnaient le diplomate d'avoir des liens avec l'organisation FETO du prédicateur islamique d'opposition Fethullah Gülen. Metin Topuz est accusé de «porter atteinte à l'ordre constitutionnel» et «d'espionnage».