Le Président syrien Bachar el-Assad compte établir des contacts directs avec les dirigeants turcs en exigeant que la Turquie arrête son opération dans la province d’Idlib, a déclaré à Sputnik Ismail Hakki Pekin, ex-directeur du département de renseignement de l’État-major général turc, qui a fait partie de la délégation turque aux négociations entre la Turquie et la Syrie.
«Les deux parties communiquent actuellement par le biais de la Russie et de l’Iran pour assurer l’application des accords [sur le règlement de la crise en Syrie, ndlr] conclus à Astana. Mais la Syrie souhaite nouer des contacts directs avec la Turquie parce que Assad tient à être reconnu par la Turquie», a indiqué M.Hakki Pekin.
Naim Babüroglu, expert turc en stratégie militaire, souscrit à ces propos. Selon lui, des entretiens entre la Turquie et la Syrie sont très probables.
«On peut supposer qu’Ankara et Damas se retrouveront prochainement à la table des négociations», a noté M.Babüroglu.
Les deux experts turcs estiment que les déclarations catégoriques de Damas sont de la pure rhétorique et que le Président Assad ne s’attend pas à un départ rapide des militaires turcs.
Selon Ismail Hakki Pekin, la déclaration syrienne s’explique par le fait qu’«en cas d’entrée de troupes étrangères sur le territoire Assad doit répondre devant son peuple».
«Si la Syrie était effectivement contre la présence de la Turquie à Idlib, la Russie adresserait aussi un avertissement à la Turquie. Mais elle ne l’a pas fait. Il ne faut donc pas attacher une grande importance à cette déclaration. Damas s’adressait plutôt à son peuple», a pour sa part noté M.Babüroglu.
«La stratégie des États-Unis a été très confuse durant tout le conflit syrien. Les États-Unis ont parlé de la nécessité d’avancer vers Raqqa, de fournir des armes aux unités kurdes, mais c’est la Russie, qui dépense six fois moins que les États-Unis pour son armée, a réussi de sortir la situation en Syrie d’une impasse», a estimé M.Babüroglu.