Au mois de juillet, le colonel de l'armée américaine Patrick Ellis a géré le transfert de véhicules blindés vers la Géorgie depuis l'Allemagne en passant par la Hongrie, la Roumanie et la Bulgarie. Il a noté que les formalités administratives aux frontières nécessitaient beaucoup de temps.
«Rentrer en Roumanie était assez facile, mais en sortir a curieusement été beaucoup plus difficile. Le fait n'est pas que des gardes-frontières manquent de professionnalisme. Il y a des protocoles qu'ils doivent respecter. Nous sommes restés dans nos Strykers sous un Soleil brûlant pendant une heure et demie, attendant qu'ils remplissent les papiers nécessaires», s'est lamenté M.Ellis.
Selon lui, le problème réside dans le fait que ce sont les ministères de la Défense qui sont responsables des transferts militaires mais que les frontières sont contrôlées par les ministères de l'Intérieur.
Les militaires américains sont convaincus que la réalité bureaucratique en Europe ne disparaîtra pas, même dans le cas d'un conflit armé.
«Si une guerre éclate, cela ne mènera pas à la simple annulation de toutes ces règles. Cela n'arrivera pas», a souligné le général-major Steven Shapiro, responsable de la logistique et de l'approvisionnement de l'armée américaine en Europe.
Il a ajouté que la seule préparation au déploiement de troupes à travers tout le continent prendrait plusieurs semaines. Selon M.Shapiro, quand 100 matériels militaires passent une frontière, il ne suffit pas de déclarer aux gardes-frontières ce nombre, les véhicules sont enregistrés un par un, conformément à leur numéro de série.
«À chaque frontière que vous passez, vous listez ces mêmes 100 véhicules dans différents documents», souligne-t-il.
Auparavant, le lieutenant-général Ben Hodges, commandant de l'armée américaine en Europe, avait appelé l'Europe à créer un «espace Schengen militaire» pour une dissuasion plus efficace de la Russie. Selon lui, le transport international d'armes et d'équipements militaires doit être régulé par des normes spéciales qui permettraient un transfert plus rapide des forces de l'Otan.