La menace nord-coréenne n'est qu'un prétexte utilisé par Washington pour déployer son système de défense antimissile THAAD en Corée du Sud. Celui-ci est dirigé en réalité contre la Russie et la Chine, qui sont dès le départ catégoriquement opposées à cette installation, a indiqué à Sputnik Da Zhigang, directeur de l'Institut d'études de l'Asie du nord-est de l'Académie des sciences sociales de la province chinoise du Heilongjiang.
«Le ministère russe des Affaires étrangères s'est explicitement exprimé sur ce point, déclarant que cette mesure visait la Chine et la Russie, et formulant ainsi le point de vue commun avec Pékin. Il serait par ailleurs légitime dans ces circonstance que Pékin et Moscou adoptent des contre-mesures conjointes», a estimé l'interlocuteur de l'agence.
Et d'ajouter que la Chine et la Russie avaient un vaste champ de coopération en vue de contenir la menace émanant de l'alliance Washington-Tokyo-Séoul.
«La position de la Russie sur le THAAD répond aux intérêts de la Chine, en l'aidant dans ses efforts visant à empêcher le déploiement de ce système», a constaté Da Zhigang qui appelle à œuvrer pour obtenir également un vaste soutien international à la position de Pékin sur cette question.
De son côté, l'expert militaire russe Vladimir Evseïev a supposé dans un entretien accordé à Sputnik que le prochain 19e congrès du Parti communiste de Chine (PCC) pourrait exiger que des mesures technico-militaires soient adoptées pour relever le défi lancé à Pékin par le déploiement du bouclier antimissile américain THAAD sur le territoire de la Corée du Sud.
«Le problème est que l'emplacement de ce système américain en Corée du Sud est tel qu'il ne garantit tout simplement pas la protection de Séoul. Par conséquent, il ne s'agit pas de protéger d'importants sites ni la population civile sur le territoire sud-coréen, mais de protéger les Américains eux-mêmes», a expliqué M.Evseïev.
Et de résumer qu'en protégeant leurs propres sites militaires, les Américains prétendaient protéger la Corée du Sud.
Le bouclier antimissile américain THAAD en Corée du Sud est impuissant face à l'artillerie à grande portée dont dispose Pyongyang et est en réalité dirigé contre la Russie et la Chine, avait déclaré en amont à Sputnik Gueorgui Borissenko, directeur du département Amérique du Nord au sein du ministère russe des Affaires étrangères.
Le diplomate avait indiqué que ce matériel était absolument incapable d'empêcher la Corée du Nord d'opérer une frappe en réponse à une agression, expliquant que le tracé de la frontière sur la péninsule coréenne était tel que Séoul se trouvait dans le rayon d'action de l'artillerie à grande portée de l'État voisin. D'autre part, le THAAD est incapable d'intercepter des engins balistiques. De fait, il n'est tout simplement d'aucune utilité contre la Corée du Nord.
«Nous et nos partenaires sommes parfaitement conscients du fait que le THAAD est dirigé contre la Russie et la Chine», a souligné M. Borissenko.
Les observateurs estiment que le déploiement du THAAD en Corée du Sud sera au centre des discussions lors de la visite en Chine du Président américain Donald Trump en novembre prochain. Il est toutefois peu probable que Washington revienne sur sa décision. Aussi, peut-on s'attendre à une montée des tensions dans les relations sino-américaines après le sommet de Pékin.