Ce lundi, tout le monde retient son souffle en attendant la possible déclaration d'indépendance des autorités catalanes. Une prise de décision sous pression, puisque de grandes entreprises basées en Catalogne menacent de déménager en Espagne et que plus d'un million de personnes ont manifesté dimanche à Barcelone pour l'unité espagnole.
Emmanuel Macron et le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker ont récemment lancé des appels «passionnés» à plus de fédéralisme en Europe, écrit le journal. Budget commun, forces militaires communes ainsi que politiques en matière d'immigration et de fiscalité et élections transnationales: voici ce qu'ils prônent pour l'UE. Mais des régions avec des mouvements séparatistes actifs, dont la Catalogne, pourraient être tentées de se séparer sur fond d'un tel renforcement du contrôle européen.
«Pourquoi, après tout, une région devrait-elle payer et se subordonner à un intermédiaire si elle peut obtenir un siège à la table de réunion?», déclare Bloomberg.
Les deux mouvements les plus importants d'aujourd'hui, l'écossais et le catalan, prônent la séparation de leur pays et l'adhésion à l'UE en tant que membres à part entière. Toutefois, l'UE n'a jamais indiqué que les régions se séparant de ses États-membres pourraient compter sur une adhésion accélérée.
«Même le cataclysme du Brexit (…) n'a pas changé cela: le mois dernier, le président de la Commission européenne a déclaré que l'Écosse ne recevrait pas d'accord spécial de l'UE», souligne Bloomberg.
Toutefois, une contradiction inhérente existe dans les «impulsions fédéralistes» de MM. Juncker et Macron. Les deux dirigeants considèrent l'UE comme une union d'États dans leurs frontières actuelles. Mais leurs actions risquent de redynamiser les mouvements séparatistes, détaille Bloomberg, prédisant qu'à l'avenir, le Parlement européen et le successeur de M. Juncker seraient plus flexibles concernant les régions séparatistes.
«Elles ont déjà des lois, des procédures et des valeurs conformes à l'UE, alors en quoi serait-il difficile de les intégrer?», se demande-t-il.
Le journal s'attache ensuite à dérouler une grande liste de régions européennes qui pourraient rejoindre l'Écosse et la Catalogne, dont la Flandre, la Wallonie, la Bavière, la Bretagne, la Normandie, l'Occitanie, la Galice, le Pays basque, le Tyrol du Sud, la Sardaigne et la Sicile, «toute une carte séparatiste cauchemardesque de l'Europe».
Actuellement, les électeurs détestent souvent Bruxelles parce qu'ils ont peu de contrôle direct sur ce qui se passe là-bas, mais cette attitude pourrait prendre une tournure positive avec un gouvernement plus responsable d'un petit pays qui représenterait leurs intérêts au sein de l'UE.
«Si les rêves d'une Europe plus unie devenaient un jour réalité, il faudrait un groupe beaucoup plus idéaliste de dirigeants prêts à sacrifier leurs propres territoires pour un idéal européen», a conclut le journal.