Fin des hydrocarbures, un coup d’épée dans l’eau

© AFP 2024 JEFF PACHOUD Nicolas Hulot
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La mesure phare du projet de loi Hulot qui mettra fin en France à la production d’hydrocarbures, à l’horizon 2040, a été adoptée par les députés. Pourtant, la production d’énergies fossiles reste très marginale. Cette loi est-elle une véritable avancée écologique ou une simple mesure symbolique?

Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique et solidaire, a remporté sa première victoire. Les députés ont validé mercredi 4 octobre l'article phare du projet de loi Hulot sur la fin de la production des hydrocarbures, à l'horizon 2040. Dorénavant, plus aucun permis d'exploration des hydrocarbures, liquides ou gazeux, ne sera délivré d'ici fin 2017.Et les concessions d'exploitation déjà existantes ne seront pas renouvelées au-delà de 2040. Cependant, la loi prévoit une dérogation, protégeant les intérêts des industriels, dans un seul cas bien précis: «si l'industriel peut prouver que cela ne couvre pas les frais engagés». Et «une fois que la rentabilité est atteinte, le titulaire du permis est contraint de laisser les hydrocarbures restants dans le gisement», a déclaré le ministre.

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La production française d'hydrocarbures est très marginale, elle ne représente que 1% de notre consommation énergétique, des exemptions ont été concédées aux industriels et à certains territoires comme le bassin du Lacq (Pyrénées), cette mesure peut-elle avoir un réel impact sur le réchauffement climatique ou relève-t-elle simplement du domaine du symbolique?

Une chose est certaine, la France fait partie des bons élèves en matière de production et d'émission de gaz à effet de serre, comme nous le rappelle Francis Perrin, Directeur de recherche à l'IRIS et chercheur associé à l'OCP Policy Center.

«La France n'est pas un pays qui a un poids considérable en matière de production et de consommation d'énergie au plan mondial et donc de responsabilité dans les émissions à effet de serre, dont le gaz carbonique (CO2), qui sont à la base du changement climatique.»

Pour Francis Perrin, cela s'explique par «un programme nucléaire important qui représente entre 70 et 75% de notre production d'électricité, et le nucléaire est une source d'énergie non carbonée. Nous avons un certain nombre de centrales hydro-électriques qui représentent également une part significative de notre approvisionnement en matière d'électricité et nous développons des programmes d'énergies renouvelables.» Mais alors pourquoi le gouvernement souhaite-t-il absolument arrêter la production d'hydrocarbures? La réponse semble assez simple:

«Lorsque l'on représente un tout petit producteur de pétrole et de gaz, si l'on arrête de produire cela veut dire que l'on passe de 1% de notre consommation à 0%. Ce n'est évidemment pas ce qui va changer la face du monde. Derrière ces débats, il y a des aspects économiques et énergétiques mais aussi, bien sûr, politiques et symboliques. On sait très bien qu'en politique, y compris en matière de politique énergétique et climatique, il y a beaucoup de symboles. Mais les symboles ne collent pas toujours avec la réalité.»

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Avec la loi Hulot, une promesse de campagne d'Emmanuel Macron, le gouvernement souhaite également envoyer un signal fort aux autres pays. Et pour cause, la France deviendrait un des premiers pays à interdire l'exploitation d'hydrocarbures. Pour la France, il s'agit donc de «montrer l'exemple dans la lutte contre le changement climatique, dans la foulée de la COP21 et de l'accord de Paris de la fin de l'année 2015.» Et ainsi espérer un «effet de contagion.» Pourtant, la tâche s'annonce ardue car peu de pays, notamment les États-Unis, la Russie ou encore le Qatar «vont se mettre eux aussi à arrêter de produire du pétrole ou du gaz.» En effet, il est «difficile de montrer l'exemple (…) quand vous n'en produisez quasiment pas», concède Francis Perrin.

«La décision prise par les autorités françaises sur l'arrêt futur de l'exploration et de l'exploitation d'hydrocarbure dans notre pays n'aura pas un impact considérable. Encore une fois, nous sommes dans la symbolique.»

Le gouvernement peut-il devenir la figure de proue de la lutte contre la production d'énergies fossiles? Rien n'est moins sûr, comme l'explique le directeur de recherche.

«Les décisions dans ce domaine ne se font pas à Paris mais à Washington, à Moscou, à Pékin, à Téhéran, à Riyad et dans beaucoup d'autres capitales. Il faut avoir conscience de nos limites dans ce domaine, mais ce n'est pas forcément dans le génie français de pouvoir inclure dans nos politiques une dose, cependant nécessaire, de modestie.»

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