«Amitié avec tout le monde»
«C'est la base de la politique américaine au Proche Orient, soutenir les uns et les autres. Le résultat, premièrement, c'est qu'ils créent un système de charges et de contrepoids lorsque les alliés sont bien tenus, tandis que les structures d'opposition ne gagnent pas en puissance. Dans le cas d'un soutien à l'opposition intérieure à un État, ils ne cherchent qu'une chose. Lorsque l'un de ces régimes tombe, ils ont déjà une certaine structure qui, étant favorable aux Américains, va prendre la relève et diriger le pays. Ce qui compte le plus pour eux, c'est la loyauté à leur égard dans la région», a expliqué à Sputnik le spécialiste de l'Académie russe de l'économie nationale, Sergueï Demidenko.
Cette même idée est partagée par la conseillère du directeur de l'Institut russe des recherches stratégiques, Elena Souponina.
«La Russie est beaucoup plus intéressée que les États-Unis par le règlement du conflit syrien, c'est évident. Officiellement, les Américains mènent également une lutte contre le terrorisme dans ce pays. Cependant, Washington n'a pas oublié l'objectif de renversement du pouvoir en Syrie. C'est pour cette raison que les Américains sont en coquetterie avec les autres forces, y compris radicales, en espérant les utiliser dans l'avenir contre le gouvernement de Bachar el-Assad», a-t-elle affirmé, à son tour.
«Avec la disparition de Daech, l'idée persiste toujours»
Malgré tous ces obstacles, qui compliquent le règlement de ce conflit de longue haleine, de plus en plus de Syriens reprennent le rythme normal de leur vie, oublié pendant toutes ces années, lorsque le pays était sous l'emprise de Daech.
Mais malgré le nombre de victoires significatives faisant reculer les djihadistes, les experts restent plutôt sceptiques à ce sujet.
Ainsi, selon Mme Souponina, la défaite de Daech ne mettra pas fin au terrorisme en Syrie.
«Il y a d'autres organisations terroristes comme le front al-Nosra qui garde le contrôle sur la province d'Idlib, la lutte avec ce groupe nécessitera des efforts supplémentaires», a-t-elle argumenté.
En outre, l'experte est persuadée que les djihadistes de Daech se sont préparés à ces défaites, en élaborant leur stratégie.
«Malheureusement, ce ne sont pas tous les terroristes de cette organisation qui vont être éliminés, beaucoup d'entre eux vont s'installer dans d'autres pays, y compris en Europe. L'organisation terroriste perd une partie de ses points stratégiques en Syrie mais, à mon avis, il serait encore trop optimiste de parler d'extermination totale», a-t-elle poursuivi.
C'est par ailleurs le même constat fait par Sergueï Demidenko, en soulignant que «si ce n'est pas Daech, ce sera bien quelqu'un d'autre».
«Même avec la disparition de Daech, son idéologie persistera toujours. L'islam radical attire des individus qui estiment que le monde n'est pas fait de la façon dont il devrait être…. Tous ces frustrés se regroupent sous les drapeaux de l'islam radical et plaident en faveur de leurs droits puisque l'islam officiel s'associe pour eux avec la corruption, la trahison, etc.», a-t-il relaté.
Dans le même temps, M.Demidenko n'exclut pas une nouvelle spirale de la guerre civile après «la défaite d'un ennemi commun en la personne de Daech».
«On ne peut pas encore, bien évidemment, parler de règlement politique total… Le Front al-Nosra, Ahrar al-Cham, Jaych al-Islam, ne pourront pas coexister avec le régime de Bachar el-Assad», a-t-il conclu.