Le deuxième anniversaire du début de l'engagement russe en Syrie est une bonne occasion pour dresser un bilan de la première opération militaire que la Russie mène au-delà des frontières de l'ex-URSS.
Une opération autorisée par Damas
Depuis mars 2011, la Syrie est en proie à un conflit armé entre les forces gouvernementales et divers groupes armés dont les plus actifs sont Daech et le Front al-Nosra.
Le même jour, les Forces aérospatiales russes ont porté les premières frappes ciblées contre les positions des terroristes de Daech sur le territoire syrien. Pour coordonner la lutte contre les terroristes la Russie, l'Irak, l'Iran et la Syrie ont créé à Bagdad un centre d'information ayant pour objectif la collecte, le traitement et l'analyse des données sur la situation dans la région, ainsi leur mise à la disposition des états-majors des pays participant aux travaux du centre.
Forces engagées
La Russie a engagé en Syrie ses Forces aérospatiales, sa marine et des unités d'élite. Le groupe aérien en Syrie est formé par des bombardiers de première ligne Su-24M, des avions d'attaque au sol Su-25SM, des bombardiers Su-24 et des chasseurs Su-30SM. En outre, des hélicoptères russes Mi-24, Mi-35, Mi-8AMTCh, Mi-8N et Ka-52 ont été transférés en Syrie. Des bombardiers stratégiques Tu-95MS et des bombardiers supersoniques Tu-160 ont été également impliqués.
Les militaires participant à l'opération russe en Syrie sont déployés dans la base aérienne de Hmeimim, non loin de Lattaquié.
Frappes contre les terroristes
Depuis le début de l'opération, les forces aérospatiales russes ont effectué plus de 30.000 sorties, portant plus de 92.000 frappes aériennes. Les positions des groupes terroristes Daech et Front al-Nosra ont été frappées avec les missiles de croisière Kalibr tirés depuis des frégates et des sous-marins.
Au 20 septembre 2017, les forces russes ont détruits plus de 96.000 sites terroristes, plus particulièrement des postes de commandement (8.332), des postes d'appui (17.194), des concentrations de troupes (53.707), des camps d'entraînement (970), des entrepôts d'armes et de munitions (6.769), des sites pétroliers (212), des raffineries (184), des convois de camions-citernes (132), ainsi que 9.328 autres cibles.
Chefs de Daech éliminés
Le 5 septembre dernier, la Défense russe a annoncé avoir été informée d'une réunion entre des chefs de détachements terroristes aux environs de Deir ez-Zor. Une frappe menée avec des bombes anti-bunker contre un poste de commandement souterrain a détruit le poste tuant quelque 40 djihadistes parmi lesquels quatre chefs influents, dont l' «émir de Deir ez-Zor» Abou Mohamed al-Chemali, responsable des finances et du transfert des recrues vers les bases d'entraînement, et Guilmourod Khalimov, «ministre de la guerre de Daech».
Ce succès a permis d'accélérer la rupture du siège de Deir ez-Zor et d'engager sa libération par les forces gouvernementales syriennes.
Pertes de l'armée russe
Selon les publications officielles du ministère russe de la Défense, l'opération en Syrie a coûté la vie à quelque 30 militaires russes, dont le lieutenant-général Valeri Assapov, chef d'un groupe de conseillers russes tué le 23 septembre.
Le vice-ministre des Affaires étrangères russe a estimé que la mort du lieutenant-général russe Valeri Assapov était le «prix du sang» que la Russie avait été contrainte de payer en raison de la politique hypocrite des Etats-Unis en Syrie.
Territoires libérés
L'unique région importante se trouvant toujours sous le contrôle de Daech est la vallée de l'Euphrate, bien que ces dernières semaines l'armée syrienne soutenue par les forces aérospatiales russes ait enregistré d'importants succès sur ce théâtre.
Alep
Entre 2012 et 2016, Alep, deuxième ville de Syrie, a été le théâtre de violents combats. Plus de 1,5 million d'habitants ont quitté la ville qui comptait, avant le conflit, 2,5 millions de personnes. Depuis août 2012, la partie occidentale de la ville était contrôlée par l'armée syrienne et la partie orientale par différents groupes islamistes et rebelles, dont les plus actifs étaient Daech et al-Nosta.
Palmyre
En mai 2015, les terroristes ont pris Palmyre sous leur contrôle, mais l'armée gouvernementale soutenue par l'aviation russe est parvenue à libérer la ville.
Reprise de nouveau par les djihadistes fin décembre 2016, la ville a été définitivement libérée le 3 mars 2017. Au cours de ces deux mois d'occupation, les djihadistes ont fait sauter le tétrapyle (monument à «quatre colonnes») et la scène du théâtre antique.
Abu Khamid al-Sukhni, chef militaire qui avait donné l'ordre de détruire plusieurs monuments antiques de Palmyre en 2015, a été abattu par les militaires syriens.
Levée du siège de Deir ez-Zor
Selon le ministère russe de la Défense, la victoire à Deir ez-Zor revêt une importance supérieure aux autres succès enregistrés par les forces gouvernementales ces trois dernières années.
Perspectives
Selon le président de l'Académie des problèmes géopolitiques Konstantin Sivkov, suite à la levée du siège de Deir ez-Zor, la lutte contre les terroristes de Daech se poursuivra dans de petites localités de l'est et du nord de la Syrie.
«Après la percée du blocus de Deir ez-Zor, il faudra lancer l'offensive sur les foyers de Daech sur les axes est et nord. Les combats auront lieu dans de petites localités à condition que les forces gouvernementales ne participent pas à la libération de Raqqa, ce qui est probable car Raqqa n'est pas encore prise», a-t-il confié à Sputnik.