Rappelons que sous la pression de la presse et des ONG, l'Onu a admis, bien que très timidement, «son implication dans le foyer initial» de l'épidémie qui a fait plus de 10.000 morts et contaminé 800.000 personnes depuis l'arrivée en octobre 2010 d'un contingent de Casques bleus népalais déployés dans le cadre de la Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti (Minustah).
Selon des rapports d'experts, la contamination serait liée aux eaux usées et aux matières fécales déversées dans un affluent de l'Artibonite, rivière près de laquelle était installé le campement de la mission onusienne. La souche bactérienne s'était avérée identique à la bactérie responsable du choléra en Asie du Sud.
Quand les gens ont appris que dans une école de la Cité Soleil, principal bidonville de la capitale, Sputnik interviewait les victimes de l'épidémie de choléra, une foule s'est vite formée. Beaucoup d'habitants souhaitaient faire part de leurs souffrances et parler de la mort de leurs proches.
Charlithe Eddy, maçon de 26 ans, a raconté à l'agence qu'en décembre 2011 sa mère avait subitement été prise de vomissements et de diarrhées, accompagnées de fortes douleurs au ventre.
En quelques heures, elle s'est affaiblie à tel point qu'elle pouvait à peine parler. À l'aube, désespéré, je l'ai prise sur mon dos et ai quitté la maison pour trouver un hôpital, mais elle est morte en route», s'est rappelé l'interlocuteur de Sputnik.
Et d'avouer être content du départ des soldats de la mission de l'Onu.
«Qu'ils partent, je ne veux pas qu'ils restent», a-t-il martelé.
En 2016, avant l'expiration de son mandat de secrétaire général de l'Onu, Ban Ki-moon a fait une déclaration officielle sur cette question.
«Nous nous excusons auprès du peuple haïtien. Nous n'avons tout simplement pas fait assez concernant l'épidémie de choléra et sa propagation en Haïti», a-t-il notamment déclaré.
Quoi qu'il en soit, M.Ban n'a pas désigné les coupables, se limitant seulement à reconnaître la «responsabilité morale des Nations unies».
«L'Onu a prétendu que le choléra avait commencé en Haïti à l'issue d'un déplacement de plaques tectoniques après le tremblement de terre [en janvier 2010, ndlr], alors que tout le monde savait que l'épidémie avait éclaté dans la vallée de l'Artibonite», s'est souvenu dans un entretien accordé à Sputnik Ricardo Seitenfus qui dirigeait à l'époque du début de l'épidémie la filiale haïtienne de l'Organisation des Etats Américains (OEA).
Et d'ajouter que, selon une autre version, celle de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), les contaminations s'expliquaient par le réchauffement climatique.
«Finalement, des semaines ont été perdues qui auraient pu être utilisées pour établir le type du vibrion cholérique et comprendre comment l'éradiquer», a conclu l'expert.