Alors que les médias occidentaux ont fait couler beaucoup d'encre en évoquant la menace que représentent les manœuvres conjoints russo-biélorusses Zapad 2017 pour la sécurité des pays européens, l'observatrice du quotidien britannique The Independent Mary Dejevsky revient sur le sujet après la fin des exercices militaires en question pour fustiger cette hystérie médiatique.
«Qu'est-il advenu du déclenchement imminent de la Troisième guerre mondiale? Plus tôt, ce mois-ci, peut-être vous en rappelez-vous, des avertissements concernant d'"énormes" jeux de guerre russes semaient l'alarme partout dans le monde occidental. On nous répétait qu'il s'agissait là des plus importants exercices depuis la fin de la guerre froide», écrit Mary Dejevsky.
«Que s'est-il donc passé?» s'interroge-t-elle.
Les exercices militaires sont déjà terminé, et le nombre de participants n'a pas dépassé les 17.000, ont dû admettre les observateurs occidentaux. Qui plus est, aucun pays n'a été envahi.
«Et les Russes savourent cette rare possibilité d'être les derniers à rire. Ils démontrent, justifications à l'appui, que leurs chiffres étaient exacts. Il n'y a eu aucun subterfuge, les frontières internationales ont été respectées. Tous les militaires russes débarqués en Biélorussie pour participer aux manœuvres rentrent chez eux», souligne l'observatrice.
D'après la journaliste, à l'heure actuelle, une théorie circule selon laquelle Zapad 2017 n'était qu'un piège tendu par les Russes et dans lequel les médias occidentaux sont bien tombés. Néanmoins, quant à elle, il est plus probable que Moscou «se compl[aise] dans ce nouveau sentiment de se retrouver du bon côté de toute guerre médiatique».
«Après toutes les accusations de l'Occident, selon lesquelles la Russie mène une guerre médiatique à l'aide de fausses nouvelles, les Russes demandent: qui diffuse la désinformation maintenant. N'est-ce pas là une preuve de plus que les faiseurs d'opinions de l'Occident sont enfermés dans les stéréotypes de la guerre froide? Et c'est vrai», affirme la journaliste.
Ainsi, l'observatrice cite l'exemple du secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg, qui affirmait que la Russie «a utilisé des manœuvres militaire d'envergure comme couverture pour effectuer des actions militaires agressives contre ses voisins», référant aux évènements en Géorgie ou en Crimée.
De nombreux reportages à ce sujet avaient également cité des sources politiques ou des think tank en Pologne, dans les pays baltes ou en Ukraine, où prédomine une vision de la Russie comme «ancien et potentiel agresseur». Même si ce point de vu peut être compréhensible, il n'en est pas nécessairement juste pour autant dans toutes les circonstances, souligne l'auteur de l'article.
Les politiciens britanniques appellent à être vigilants avec Moscou, rappelle Mary Dejevsky.
«Mais la vigilance — la disposition aux circonstances imprévues — est tout autre chose, en tout cas pour moi, que d'imaginer des soi-disant menaces à partir d'exercices militaires russes ordinaires sans s'appuyer sur des preuves et en ne faisant que servir un agenda antirusse occidental bien précis», a-t-elle conclu.
L'exercice stratégique conjoint Zapad 2017 des forces russes et biélorusses se déroule du 14 au 20 septembre dans les deux pays. Le ministère russe de la Défense a précédemment annoncé que les manœuvres rassembleraient quelque 12.700 militaires, dont 5.500 russes, 70 avions et hélicoptères, jusqu'à 680 véhicules de combat, y compris 250 chars, environ 200 pièces.