De la glu pour chasser les oiseaux: comment les Syriens survivent à la guerre

Ceux qui ont eu l'occasion de visiter la Syrie avant la guerre se souviendront sans doute de ses marchés exubérants et ses restaurants réputés pour la richesse de la palette gustative des plats proposés. De nos jours, les villes contrôlées par les troupes gouvernementales ne souffrent pas de la pénurie de produits alimentaires, c'est sûr, mais beaucoup de produits ont disparu des rayons. En outre, la crise et l'inflation provoquées par la guerre font que des fois des Syriens n'ont tout simplement pas les moyens pour se procurer de la viande. Les habitants locaux ont donc recours à des astuces pour avoir à table une bonne portion de produits riches en protéines.

De la glu pour chasser les oiseaux

Ces conditions de vie difficiles poussent de nombreux Syriens à attendre avec impatience l'arrivée des oiseaux migrateurs, la chasse étant un des rares moyens d'avoir de la viande dans son assiette. Dans les zones côtières du pays, les gens ont recours à une méthode de chasse ancestrale: ils mettent de la glu spéciale sur des baguettes en bois qu'ils déposent ensuite sur des branches ou autour des arbres. Muhannad Maalan, de Lattaquié, en a même fait une source de revenus.

Avant la guerre, Muhannad était un homme aisé. Toutefois, en plus de six ans de conflit, il a beaucoup perdu. Aujourd'hui, il produit de la glu à partir des prunes locales et la vend pour un prix abordable, ce qui lui permet de gagner sa vie et nourrir sa famille.

«Nous cueillons des prunes, les épluchons et mâchons jusqu'à la formation d'une pâte que nous recueillons dans un bol. Nous y ajoutons de la glycérine pour éviter qu'elle ne gèle et du miel. Enfin, nous ajoutons de la peinture blanche, verte ou de la couleur du miel, pour que la couleur de la glu se confonde avec celle de l'environnement», témoigne-t-il à Sputnik.

Selon l'interlocuteur de l'agence, auparavant cette technique semblait révolue, toutefois dans ces conditions particulières de crise, elle est devenue son principal gagne-pain. D'ailleurs, explique-t-il non sans fierté, parmi ses clients il compte même des Syriens installés à l'étranger.