«La guerre hybride est le principal moyen utilisé par les USA pour faire la guerre»

© REUTERS / Kevin LamarqueU.S. President Donald Trump delivers his address to the United Nations General Assembly in New York, U.S., September 19, 2017.
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Lors de son intervention à l’Onu, Donald Trump a appelé à rejeter toutes les menaces contre la souveraineté, de l’Ukraine à la mer de Chine du Sud. Des déclarations provocatrices, dangereuses et contradictoires, affirment des experts au micro de Sputnik, estimant que les États-Unis menaient une «guerre hybride».

«Nous devrons rejeter des menaces pour la souveraineté, de l'Ukraine à la mer de Chine du Sud», a lancé mercredi Donald Trump lors de son discours à l'Assemblée générale sans préciser l'identité de ceux qui menacent leur souveraineté ainsi que la façon dont cela est fait. Des propos très ambigus, souligne Kontantine Sivkov, expert militaire russe:

«Les États-Unis mènent de fait une politique irrégulière, c'est-à-dire qu'ils n'ont pas de ligne claire et nette, de position claire et nette. D'une part, le Président prône l'inviolabilité de la souveraineté. D'autre part, il annonce sa volonté de s'ingérer dans les affaires intérieures d'autres pays.»

Selon lui, la Chine considère que ce sont des États-Unis qu'émane la menace pour ses droits souverains en mer de Chine du Sud. À ce titre, les paroles de M. Trump peuvent donc être interprétées comme un appel à protéger la souveraineté chinoise contre les tentatives américaines de la violer, analyse notre expert:

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«D'une part, il qualifie de facto la Chine de principal adversaire des États-Unis, aussi bien économique que politique ou militaire. D'autre part, il exacerbe les relations avec la Russie en poussant celle-ci à se rapprocher davantage de la Chine, notamment à approfondir la coopération militaro-stratégique et militaro-politique entre la Chine et la Russie.»

«Les jeux de Trump ont conduit à ce que l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS) accorde aujourd'hui plus d'attention aux questions de coopération militaro-politique. La déclaration sur la lutte conjointe contre le terrorisme en est la preuve. C'est aussi la lutte contre la guerre hybride.» approfondit M. Sivkov, avant d'ajouter:

«La guerre hybride est le principal moyen utilisé par les États-Unis pour faire la guerre contre d'autres pays. C'est-à-dire que sur la base de cette déclaration, tous les pays de l'OCS se sont réunis dans la lutte contre une agression américaine et occidentale qui peut potentiellement survenir sous forme de guerre hybride.»

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Le discours de Trump n'est pas à la hauteur de sa fonction et des enjeux, estime pour sa part Zhou Yongsheng, expert du Centre des études des relations internationales de l'Académie diplomatique de Chine.

«Ce discours de Trump ne ressemble pas au discours officiel du Président d'une grande puissance dans une enceinte politique mondiale. C'est plutôt de l'émotion qui n'a pu être retenue, avec des affronts personnels et des attaques contre des personnes concrètes sans aucune limite. Notamment, ses propos au sujet de la Corée du Nord témoignent d'un emportement excessif», a indiqué M. Yongsheng.

Selon lui, le contenu du discours est aussi contradictoire du début à la fin. D'une part, le Président américain appelle les États d'Europe et d'Asie à résister aux menaces contre leur souveraineté, mais le Venezuela et la Corée du Nord sont aussi des États souverains.

«Alors comment les États-Unis peuvent-ils faire tout ce qu'ils veulent à leur égard en les menaçant de "destruction" ou de "poursuite de l'action"? Les États pro-américains sont donc les seuls à avoir le droit au respect de leur souveraineté?», s'est demandé l'expert.

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Le discours de Trump est trop léger, il manque de culture politique. Le Président doit s'en tenir à un objectif, celui de la crédibilité politique. Il ne faut pas donner libre cours à une haine incontrôlable, il n'est pas non plus digne d'élever ses émotions personnelles au rang de politique d'État, c'est extrêmement irresponsable», a conclu l'expert chinois.

Les fortes déclarations du Président américain n'ont pas été accueillies avec enthousiasme par les représentants des pays concernés. En fait, la délégation nord-coréenne a quitté l'Assemblée générale de l'Onu avant l'intervention du Président américain. La réaction du Venezuela fut moins vive, mais néanmoins très parlante: le ministre vénézuélien des Relations extérieures Jorge Arreaza a déclaré à l'Assemblée générale de l'Onu que le Président des États-Unis se permettait de parler aux représentants des autres pays comme à des subordonnés. Donald Trump n'est pas le Président du monde, chaque pays a le droit de décider à quel système son gouvernement veut se tenir, a-t-il souligné. Le ministre a par ailleurs annoncé que le Venezuela était prêt à défendre sa souveraineté et qu'aucune action n'était à exclure de la part des États-Unis.

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La Chine, partenaire stratégique du Venezuela, a pris la défense de celui-ci. «La politique de la Chine à l'égard du Venezuela reste la même», a déclaré Wang Yi, le chef de la diplomatie chinoise, lors d'une rencontre avec son homologue vénézuélien en marge de l'Assemblée générale de l'Onu. La Chine s'en tient toujours au principe de non-ingérence dans les affaires intérieures des autres pays et considère que le gouvernement du Venezuela est capable de résoudre ses problèmes par le dialogue dans le champ juridique et de protéger la stabilité nationale, a encore souligné Wang Yi.

Les observateurs estiment que Pékin a relevé le défi américain au Venezuela. La Chine soutiendra Caracas autant qu'elle le pourra et saluera les tentatives des voisins et des amis de ce pays en Amérique latine d'aider le Venezuela à régler la crise.

Le Président américain a remercié la Chine et la Russie d'avoir accepté de durcir les sanctions contre la Corée du Nord. Cela étant, la Chine n'a pas laissé passer les promesses de Donald Trump de «détruire» la Corée du Nord, du jamais-vu à l'Assemblée générale de l'Onu.

«La Chine espère que dans la situation difficile et tendue qu'on voit aujourd'hui autour de la Corée, toutes les parties feront preuve de retenue et créeront les conditions pour permettre la reprise des négociations», a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères de la Chine Lu Kang.

Le diplomate a souligné que toutes les résolutions du Conseil de Sécurité de l'Onu orientaient explicitement toutes les parties vers la paix, la stabilité et vers la nécessité de trouver une solution politico-diplomatique au problème nucléaire de la Corée.

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