L'appel de la France et de l'Allemagne à adopter des règles plus souples pour rétablir les contrôles frontaliers à l'intérieur de l'espace Schengen modifie la nature même de l'accord de Schengen, estime Patrick Martin-Genier, juriste, enseignant à Sciences Po et spécialiste des questions européennes.
«Lutter contre le terrorisme est tout à fait légitime, c'est important de faire en sorte que les terroristes puissent être appréhendés rapidement, mais […] il y a un risque de remise en cause de la liberté de circulation», a déclaré à Sputnik Patrick Martin-Genier.
En plus de l'aspect antiterroriste, c'est l'aspect migratoire qui est particulièrement mis en avant par certains pays européens. Pour Patrick Martin-Genier, ceci est lié à des motifs politiques, car les gouvernements au pouvoir souhaitent donner des gages aux mouvements anti-immigration:
Quant à la France, Patrick Martin-Genier estime que le durcissement de Schengen s'inscrit dans le même cadre que la pérennisation des mesures, au départ provisoires, de l'état d'urgence.
«Gérard Collomb, le ministre de l'Intérieur français, l'a lui-même reconnu à Bruxelles la semaine dernière. Il a rappelé que cette proposition allait de pair avec le projet de loi antiterroriste qui va être débattu à la fin du mois à l'Assemblée nationale. […] Le fait de pouvoir plus facilement rétablir les contrôles aux frontières est lié au fait d'intégrer dans le droit commun l'état d'urgence, qui au départ devait rester une situation exceptionnelle», conclut Patrick Martin-Genier.
Ces pays exigent notamment que la période de réintroduction de contrôles frontaliers, limitée à six mois (et à deux ans dans un cas exceptionnel), soit prolongée à deux ans (et à quatre ans dans un cas exceptionnel).