Pékin forcerait les détenteurs de cryptomonnaies à investir dans les projets à l'étranger

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L'annonce de la décision des autorités chinoises d'interdire les bourses de cryptomonnaies et en soi la procédure ICO (Initial coin offering – méthode de levée de fonds fonctionnant via l’émission d’actifs numériques échangeables contre des cryptomonnaies durant la phase de démarrage d’un projet) a fait effondrer les cours de l'éther et du bitcoin.

Certains parlent de «serrage de boulons» et disent que la Chine enterre la crypto-industrie. Mais en réalité cette décision sévère des autorités pourrait révéler l'intention de Pékin à s'emparer discrètement de l'économie numérique mondiale. Et la Chine l'a déjà fait plusieurs fois dans d'autres secteurs économiques. Selon le quotidien Nezavissimaïa gazeta.

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En 2011, un magnat chinois, ancien collaborateur du département de la propagande du parti communiste chinois, Huang Nubo, a proposé au gouvernement islandais d'investir 200 millions de dollars dans le développement du tourisme dans le pays. Ce projet supposait l'achat d'un terrain vague de 300 km² près d'un port en eaux profondes. Comme l'ont noté les experts, cela a été fait pour participer discrètement à la «ligue arctique» et obtenir un accès à la Route maritime du nord. La proposition a d'abord intéressé Reykjavik, qui a finalement décliné l'offre. Mais cela n'a pas empêché la Chine de goûter au «gâteau arctique»: en 2013 la Chine a obtenu le statut d'observateur au Conseil de l'Arctique, en parallèle s'est ouvert le Centre de Chine et d'Europe du Nord d'études arctiques à Shanghai, et le premier brise-glace chinois a navigué sur la Route maritime du nord. Et les experts supposent que Pékin ne s'arrêtera pas là.

Selon une étude d'Ernst&Young de 2015, l'activité des investisseurs chinois s'étend sur 156 pays et régions. Depuis 2008 Pékin mène activement une politique de location ou d'achat de terres arables dans le monde entier: de l'Amérique latine à l'Afrique.

La même chose se produit aujourd'hui avec la crypto-industrie. La Chine demeure le leader de la production mondial du bitcoin (au moins 56%), tandis que les USA qui la suivent ne minent que 16%. Sachant que la capitalisation du bitcoin avant l'interdiction s'élevait à 70 milliards de dollars.

Au premier semestre 2017 la somme totale obtenue dans le cadre de l'ICO s'est élevée à 1,6 milliard de dollars, sachant que les projets chinois ont attiré 383 millions de dollars de 105.000 investisseurs.

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Le durcissement de la position de Pékin sur les cryptomonnaies n'était pas une surprise: le ciel s'est assombri sur les adeptes de la cryptomonnaie encore en été quand l'Association nationale du financement sur internet, créée à l'initiative de la Banque populaire de Chine et réunissant plus de 400 membres, a émis un avertissement: l'ICO représente un risque financier et peut déstabiliser l'ordre socioéconomique. Début septembre la Banque populaire de Chine et la Commission pour la régulation des émissions ont publié un communiqué annonçant que l'ICO est une activité non autorisée et illégale pour une levée de fonds. Et maintenant les autorités chinoises ont préparé un brouillon du règlement pour interdire les crypto-bourses.

Les détenteurs chinois de bitcoins et d'autres cryptomonnaies privés de la possibilité d'effectuer des échanges en monnaies virtuelles en bourses locales, ainsi que d'investir dans leurs projets de l'ICO, seront contraints de quitter le pays pour investir dans des projets à l'étranger. Ils se dirigeront également vers des régions plus libérales. Et en ce sens Singapour pourrait devenir la nouvelle Mecque numérique, qui plus est les lois locales y contribuent.

Ainsi, paradoxalement l'interdiction non seulement n'enterrera pas la crypto-industrie chinoise, mais au contraire elle permettra à Pékin de devenir une hégémonie de l'économie numérique.

Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur de l'article repris d'un média russe et traduit dans son intégralité en français.

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