Adopter l’euro comme monnaie unique de l’UE comme le propose Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne, serait «totalement fou», cela ressemble plutôt à une lettre adressée au Père Noël, ont déclaré jeudi à Sputnik Stefan Brocza, expert de la politique européenne et des relations internationales, et Rudolf Hickel, économiste.
«J’ai été surpris par de tels projets. On peut dire qu’il s’agit d’une grande vision de l’avenir. Mais si on la compare aux problèmes de l’Union européenne, l’idée que l’euro peut être introduit dans tous les pays de l’UE est tout à fait irréaliste», a indiqué M.Hickel.
«Si on adopte la monnaie unique dans les pays aux conditions économiques et sociales différentes et qui se trouvent à des niveaux de développement différents, on ne pourra pas mener une politique monétaire commune ou bien on devra verser des subventions énormes pour renforcer les pays plus faibles», a-t-il estimé.
En 30 ans, l’UE n’a pas réussi à trouver des normes permettant de réduire ces inégalités.
«À présent, il serait totalement fou d’introduire l’euro dans des pays comme la Roumanie ou la Bulgarie. Les indices économiques clés ne permettent pas de le faire. Sinon nous risquons d’avoir des problèmes plus graves que ceux rencontrés par la Grèce ces dernières années», a-t-il affirmé.
«L’Union européenne aimerait sans doute présenter une vision positive de l’avenir compte tenu des négociations actuelle sur le Brexit. Il y a beaucoup de raisons politiques derrière cette proposition. D’ailleurs, on peut aussi le considérer comme un moyen de se remonter le moral», a noté M.Brocza.
En fait, M.Juncker ne propose rien de nouveau, il ne fait que reprendre les idées des traités européens adoptés pendant les années 1990, rappelle l’expert. Ces traités disposent que chaque membre de l’UE doit tôt ou tard adopter l’euro et l’exception a été faite seulement pour le Royaume-Uni, le Danemark et la Suède.
«Si l’euro doit devenir la monnaie unique dans tous les pays de l’UE, il faut étudier l’attitude des Danois à l’égard de cette idée, puisqu’ils ont rejeté l’euro» lors de deux référendums, a indiqué Rudolf Hickel.
«Comme la position de la Suède est la même, on peut dire que M.Juncker exagère», a conclu M.Hickel.