Les médias à travers le monde «tuent» les sportifs nord-coréens et diffusent d’autres fausses informations sur la Corée du Nord et son dirigeant actuel, a déclaré jeudi à Sputnik Branislav Moro, entraîneur de l’équipe de volleyball féminine serbe et du club local «25 avril» en 2015 et 2016, qui s’intéresse aussi à la politique mondiale et a même rencontré Kim Jong-un.
«95% des informations que les médias internationaux diffusent sur la Corée du Nord et son dirigeant Kim Jong-un n’ont rien à voir avec la réalité […]. Quand j’étais assis à côté d’un sportif nord-coréen "tué" [fusillé pour ses mauvaises performances à en croire les médias, ndlr]. J’avais honte de lui dire qu’il était "mort". J’ai même caché mes mains sous la table et utilisé mon portable pour aller sur Internet et vérifier si c’était bien lui. Bref, il y a très peu d’informations véridiques», a indiqué M.Moro.
«Je peux dire qu’il est une personne très agréable et instruite. Il a fait ses études en Suisse où il a passé huit ans. Je pense qu’il a appris à distinguer le bien et le mal. J’ai eu des impressions tout à fait positives après l’avoir rencontré. Il était intéressé par mes activités et très bien informé», a ajouté M.Moro.
Pour lui, la Corée du Nord est un État très bien organisé et prêt à relever des défis importants, bien que les sanctions aient sûrement produit leur effet sur la vie des habitants.
Selon Borislav Korkodelovic, journaliste et expert de l’Extrême-Orient, les médias fournissent une image incomplète de la vie en Corée du Nord et des actions de Kim Jong-un à la tête du pays.
«Il a mis un accent sérieux sur le développement des armes nucléaires, mais une réforme économique est aussi en cours dans le pays, le marché devient plus ouvert. En novembre 2016, j’ai rencontré des personnes qui ont fui la Corée du Nord et qui sont loin d’être des partisans de Kim Jong-un. Ils notent aussi qu’il y a des magasins bien approvisionnés notamment à Pyongyang», a noté M.Korkodelovic.
Selon lui, le bien-être des Nord-Coréens s’améliore tant que possible dans le contexte des sanctions.
«Il faut tenir compte du fait que les mesures restrictives sont imposées à la Corée du Nord depuis 2006, mais on peut aussi dire que les sanctions occidentales frappent ce pays depuis 1945. Les gens sont déjà habitués», a estimé M.Korkodelovic.
D’après Aleksandar Pavic, analyste politique serbe, l’instabilité sur la péninsule de Corée ne profite pas à Pyongyang, mais plutôt à Washington qui souhaite préserver ses militaires dans cette partie du monde. La péninsule coréenne reste partagée en deux parties depuis la Seconde Guerre mondiale. Certains pays aimeraient appliquer le modèle de réunification allemand pour Séoul et Pyongyang conformément aux nouvelles tendances dans la politique mondiale, mais M.Pavic reste sceptique à ce sujet.
«À la différence de la République démocratique d’Allemagne, la Corée du Nord est isolée. Elle a en plus assisté à plusieurs changements de régimes communistes. Et les deux Allemagnes n’étaient pas si militarisées que la péninsule coréenne. La Corée est un cas unique et il faut trouver une autre méthode», a déclaré M.Pavic.
L’expert a rappelé que la perspective d’apparition d’un État coréen fort n’enchantait pas la Chine voisine. Il y a beaucoup moins de pays intéressés par la réunification de la Corée qu’il n’y en avait pour l’Allemagne, d’après lui.
«La réunification est impossible tant qu’on ne change pas la rhétorique actuelle et que personne ne renonce aux exercices militaires d’envergure. Or les manœuvres rendent impossible l’abandon pas Pyongyang de son programme nucléaire», a conclu M.Pavic.
Les trois analystes ont estimé que même si la guerre éclatait en Corée, Pyongyang ne serait pas son initiateur. D’après M.Korkodelovic, Kim Jong-un est obligé de prendre des mesures pour préserver le régime politique actuel, mais aussi pour atteindre l’objectif principal de sa nation: la réunification des deux Corées.