Ces dernières années, la Corée du Nord a beaucoup changé et ressemble même de plus en plus à son voisin du sud, affirme un correspondant de Sputnik qui vient d'assister au 7e Congrès du Parti des travailleurs de Corée, le premier en 36 ans.
Les premiers signes de ces changements sont déjà visibles à l'approche de l'aéroport de Pyongyang. Quand on survole la capitale nord-coréenne, on aperçoit des champs bien cultivés et de belles maisons de toutes les couleurs, alors qu'il y a une quinzaine d'années, c'était tout le contraire.
A la sortie de l'aéroport, un édifice moderne en verre et en métal qui dispose maintenant d'une bonne boutique hors taxes, on comprend que les habitations des travailleurs nord-coréens qu'on a vues du ciel ne sont pas un mirage.
Les voitures circulant à Pyongyang sont assez modernes et les piétons et les cyclistes ont des vêtements modestes mais choisis avec goût.
La ville de Pyongyang a aussi changé. Elle possède actuellement des quartiers de gratte-ciels de 40 à 50 étages. Les rues de la capitale avaient autrefois un aspect peu esthétique en raison des longues files d'attente aux abribus, parce que les bus et les trolleybus étaient rares et toujours pleins. A présent, on ne voit plus de queues et les transports publics sont desservis par des véhicules assez agréables de fabrication nationale.
Un visiteur étranger est tout de suite surpris de voir beaucoup de taxis et de voitures produites en Corée du Nord, mais aussi en Chine et au Japon. Et les conducteurs nord-coréens ont les mêmes problèmes que leurs collègues d'autres pays, ils veillent à ne pas commettre d'infractions au code de la route devant les nombreuses caméras implantées le long des rues.
Les habitants de Pyongyang ne cherchent plus à éviter tout contact avec les étrangers. Certains d'entre eux répondent même aux questions des journalistes. Ils parlent toujours des bonnes conditions de vie engendrées par les efforts déployés par leur parti.
Le correspondant de Sputnik a essayé de vérifier si ces déclarations étaient fondées. Il a quitté son hôtel situé sur une île inhabitée sans avertir son guide pour se rendre dans l'avenue de la Paix flanquée de gratte-ciels. Ces édifices ont l'air habité tout comme les maisons voisines plus modestes. Les magasins et kiosques fonctionnent aussi, il n'y a apparemment pas de déficit alimentaire à Pyongyang.
Selon les guides chargés d'accompagner les touristes et journalistes étrangers, cela s'explique par l'augmentation du nombre des exploitations agricoles privées.
L'industrie nord-coréenne est aussi en plein essor. Le correspondant de Sputnik a visité une usine de câbles électriques et une fabrique de soie à Pyongyang. Les ateliers sont très propres et bien équipés, mais il a été surtout surpris par les conditions aménagées pour les ouvriers.
Des salles informatiques et de sport, des saunes, des piscines, des cafés et une magnifique garderie pour les enfants des ouvrières fileuses.
Ces locaux et services sont meilleurs que ceux qui étaient à la disposition des ouvriers des meilleures usines soviétiques.
Le mot "réformes" n'est pas utilisé en Corée du Nord, puisque on ne met pas en doute la politique de développement choisie par le fondateur du pays Kim Il-sung. Il n'est donc pas question d'imiter d'autres pays comme la Chine ou le Vietnam.
D'autre part, cela n'a pas empêché Pyongyang d'accepter une assistance de l'URSS et de la Chine. Le pays s'est retrouvé dans une situation économique assez difficile après le tarissement des sources d'aide soviétique qui aurait représenté 80% de l'aide totale reçue par Pyongyang, selon certains experts. Cela a obligé les dirigeants du pays de permettre à la population de créer des sociétés coopératives à la fin des années 1990. Ils ont ainsi réglé le problème de déficit alimentaire.
Mais il y a d'autres missions à accomplir et le jeune dirigeant nord-coréen Kim Jong-un en a parlé lors du 7e Congrès du Parti des travailleurs de Corée. Il a notamment appelé à surmonter le retard économique en encourageant le développement des sociétés coopératives.
Selon des experts russes, Pyongyang étudie de près l'expérience des réformes chinoises, vietnamiennes et russes.
Le pays risque de faire face à des bouleversements s'il renonce subitement à son idéologie officielle du Juche et surtout au principe d'autosuffisance économique et d'autonomie militaire.
La Chine a aussi préféré conserver son idéologie communiste et son culte de Mao Zedong pour garantir la stabilité de l'Etat lors du passage à l'économie de marché.
Cela revêt une grande importance pour Pyongyang puisque Washington et Séoul ne se montrent pas trop enclins à négocier et semblent souhaiter une réunification de la Corée à l'allemande avec Séoul comme capitale.
Le seul moyen d'éviter ce scénario est de garantir la croissance du potentiel économique et militaire nord-coréen. Pyongyang devrait donc lancer des réformes en suivant l'exemple de la Chine ou du Vietnam.