Avions de combat: le Rafale ou le F-35, la Belgique doit choisir

© AFP 2024 ERIC PIERMONTA Dassault Aviation Rafale jet performs a flight display on the last day of the International Paris Air Show on June 25, 2017 at Le Bourget Airport, near Paris.
A Dassault Aviation Rafale jet performs a flight display on the last day of the International Paris Air Show on June 25, 2017 at Le Bourget Airport, near Paris. - Sputnik Afrique
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Après avoir retiré le Rafale de Dassault Aviation de l’appel d’offres lancé par la Belgique qui souhaite remplacer ses avions de combat F-16 vieillissants à l’horizon 2023-2028,la France tente une manœuvre audacieuse en proposant un partenariat à la Belgique visant à fournir… des Rafales.

La France tente une manœuvre audacieuse afin de remporter le marché visant à remplacer les avions de combat F-16 détenus par la Belgique. En effet, en mars dernier, la Belgique a annoncé vouloir acquérir 34 nouveaux avions de combat afin de remplacer, entre 2023 et 2028, ses 54 avions de combat F-16 américains vieillissants et a lancé un appel d'offres dans cette optique. Un appel d'offres qui semble ne pas avoir plu à tout le monde. Des cinq prétendants declares, le français Dassault Aviation (Rafale), le britannique BAE Systems dans le cadre du consortium Eurofighter (Typhoon), le suédois Saab (Gripen) et les américains Boeing (F-18) et Lockheed Martin (F-35), Saab, Boeing ainsi que Dassault Aviation se sont désistés. Selon le quotidien L'Opinion, Paris a jugé que cet appel d'offres avait été rédigé de manière à «privilégier le F-35 américain» et a donc retiré le Rafale de la compétition.

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Pourtant, la France est loin de s'avouer vaincue. Florence Parly, ministre des Armées, a ainsi proposé au ministère de la Défense du Royaume de Belgique un «partenariat structurant, qui pourrait prendre la forme d'un accord intergouvernemental, comprendrait la fourniture de l'avion de combat Rafale, mais aussi une coopération approfondie entre nos deux armées de l'air dans les domaines opérationnels, de formation et de soutien, ainsi qu'une coopération industrielle et technique impliquant des entreprises des deux pays», comme l'indique un communiqué du ministère.

Un appel d'offres biaisé?

Pour Alexandre Vautravers, chercheur associé à l'Institut Prospective et Sécurité en Europe (IPSE) et au Geneva Centre for Security Policy (GCSP), la décision concernant l'achat d'un avion de combat ne s'appuie pas uniquement sur les caractéristiques intrinsèques ou le coût de l'appareil, mais répond avant tout à des choix politiques. En effet,

«on parle d'une acquisition qui va créer une coopération militaire, stratégique, politique sur plusieurs années, plusieurs décennies (…) les critères sont vraiment d'ordre stratégique et politique», souligne notre expert.

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La France possède néanmoins des arguments pour convaincre la Belgique. Le Rafale a déjà démontré sa totale interopérabilité Otan en opération de combat. Et ses coûts d'acquisition et d'utilisation sont des avantages comparés au F-35 de Lockheed Martin. Pour Alexandre Vautravers,

il n'y a pas en Belgique «une unanimité et un enthousiasme considérable envers le F-35. Le ministère de la Défense belge a, à plusieurs reprises, émis des communiqués en disant que le remplacement des F-16 n'était pas urgent, que le F-35 était un avion trop coûteux et qu'ils recherchaient d'autres types d'appareils qui soient financièrement, économiquement, plus durables et plus soutenables.»

Alors pourquoi l'appel d'offres belge semble-t-il avoir été rédigé pour privilégier le F-35?

Des pressions extérieures

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Plusieurs raisons expliquent que la Belgique puisse avoir une préférence pour le F-35. Pour le chercheur, «l'alternance gouvernementale en Belgique a des conséquences sur le choix de l'avion ou des choix stratégiques. Mais surtout, la Belgique est déjà dans une situation de dépendance et de pressions internationales. Le F-35 a été acheté par de nombreux pays comme le Danemark, les Pays-Bas, l'Italie ou la Grande-Bretagne. Le coût du F-35 devait être plafonné à une trentaine de millions de dollars. Aujourd'hui, on est à des coûts qui sont sensiblement plus élevés, puisque l'on parle de 150 à 160 millions de dollars l'unité. Beaucoup de pays qui ont fait le pari du F-35 il y a une dizaine d'années, ne peuvent aujourd'hui plus payer ou se rendent compte qu'ils n'ont pas l'assise financière ou qu'ils n'ont pas les budgets pour acheter cet appareil.» Par conséquent, ces pays exercent une pression sur le gouvernement belge afin qu'il puisse «absorber les avions F-35 qu'ils ne peuvent plus s'offrir.»

Une hégémonie historique américaine

Au-delà de la simple domination du complexe militaro-industriel, les États-Unis ont une emprise sur les pays européens. En témoigne, un programme comme le F-35 qui permet de renforcer cette hégémonie et crée une dépendance vis-à-vis des États-Unis.

«L'objectif de la vente d'avions américains dans les années 1960-1970, était de fidéliser une certaine clientèle. Et en fait de se faire rembourser le plan Marshall. Cette dépendance existe depuis les années 60, cela n'est pas nouveau.»

La ministre des Armées, Florence Parly, réussira-t-elle à convaincre le gouvernement belge du bien-fondé de son «partenariat»?

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