Les Européens peuvent se passer du Fonds monétaire international (FMI), mais ils ont jusqu’ici préféré mutualiser les risques financiers en s’adressant à cette institution internationale, a déclaré à Sputnik l’analyste financier français Philippe Béchade.
«En théorie oui, l’Europe n’est pas une zone en difficulté», a estimé M.Béchade.
L’expert a expliqué la décision de l’UE de faire appel au FMI pour aider la Grèce en 2010 et 2012 par le refus de l’Allemagne, le principal contributeur, d’assumer la majeure partie du risque financier.
«Le problème initial se chiffrait autour d’environ 50 milliards d’euros, cela aurait pu être traité et réglé rapidement […]. Et le FMI s’est rangé aux côtés de la commission de Bruxelles, des Allemands, ce que l’on appelait la fameuse troïka», a noté M.Béchade.
Le Président français Emmanuel Macron et le Premier ministre grec Alexis Tsipras ont déclaré jeudi à Athènes que les activités du FMI n’avaient pas toujours été positives pour l’Europe qui doit désormais s’en passer et créer ses propres institutions. Selon M.Macron, les méthodes utilisées par le FMI ont porté préjudice à la dignité et à la souveraineté de l’Europe.
Pourtant «quand on voit aujourd’hui ce que coûte le renflouement des banques italiennes […], on est sur des montants qui dépassent largement les 50 milliards et là cela ne pose plus aucun problème à personne», a indiqué M.Béchade.
L’analyste a estimé que l’intervention du FMI pour aider la Grèce était légitime puisque les pays européens l’ont invité à le faire. Or «la Grèce, le berceau de la philosophie et de la démocratie, comme l’a rappelé M.Macron à Athènes», ne correspond pas au profil des pays qui intéressent généralement cette institution internationale.
«Le FMI a plutôt pour habitude de venir en aide à des pays plutôt émergents, en difficulté», a rappelé M.Béchade.