L'Administration nationale de la sûreté nucléaire du département de l'Énergie des États-Unis avait précédemment annoncé avoir réalisé au début du mois, en commun avec l'armée de l'air américaine, deux tests d'une nouvelle version de la bombe B61-12 dans le Nevada. La bombe, sans charge nucléaire, a été larguée par un chasseur F-15E. Les tests ont été effectués afin d'évaluer les fonctions non nucléaires de l'arme ainsi que la capacité de l'appareil à l'acheminer sur place.
«L'essai de cette version de la bombe nucléaire prouve que les États-Unis poursuivent le programme de modernisation accélérée de leur arsenal nucléaire tactique en Europe et que Washington, tout comme Bruxelles, examinent l'éventualité d'un scénario de guerre nucléaire limitée en Europe», a déclaré l'expert militaire Igor Korotchenko, rédacteur en chef du magazine russe Défense nationale, dans une interview à Sputnik.
Selon lui, la B61-12 doit devenir la principale charge tactique des forces aériennes de l'Otan en cas d'éventuel conflit militaire avec la Russie.
«Au cours de manœuvres, notamment en mer Baltique, les armées de l'air des pays de l'Otan se sont déjà entraînées à plusieurs reprises à porter des frappes nucléaires tactiques contre des cibles situées dans le nord-ouest de notre pays [la Russie, ndlr]», a-t-il fait remarquer.
Igor Korotchenko a ajouté que trois bases aériennes militaires «de qualité» avaient été réaménagées pour accueillir l'aviation tactique de l'Otan en Lituanie, en Lettonie et en Estonie. Des avions pourraient y être transférés en cas d'aggravation de la situation politique et militaire.
Les relations entre la Russie et l'Otan se sont dégradées en mars 2014. Dmitri Peskov, le porte-parole du Président russe, avait précédemment déclaré que Moscou ne menaçait personne, mais qu'il ne resterait pas inerte face à des opérations pouvant présenter un danger pour ses intérêts. Le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, a pour sa part rappelé qu'au cours des 10 dernières années, les effectifs de l'Otan aux frontières de la Russie avaient triplé, tandis que les forces concentrées aux frontières occidentales du pays avaient été multipliées par huit.
En juin dernier, le Président russe Vladimir Poutine a indiqué dans une interview au réalisateur américain Oliver Stone dans un film diffusé par la chaîne Showtime que l'élargissement de l'Otan et le déploiement du système de défense antimissile américain en Europe contraignaient la Russie de réagir. Or, Moscou a souligné à plusieurs reprises que la Russie n'attaquerait jamais un pays de l'Otan. Selon le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, l'Otan sait très bien que Moscou n'a pas l'intention d'attaquer qui que ce soit, mais profite de l'occasion pour déployer davantage de matériels et d'effectifs aux frontières russes.