Pour le groupe de Visegrad, le lien immigration-terrorisme est établi

© AFP 2024 Wojtek Radwanski le groupe de Visegrad
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Pour les représentants du groupe de Višegrad, le refus acharné de la politique migratoire de Bruxelles est avant tout une question de sécurité. Car pour les Hongrois, Polonais, Tchèques ou Slovaques, le lien entre terrorisme islamique et immigration ne fait aucun doute, comme le montre pour eux la vague d’attentats qui frappe l’Europe de l’Ouest.

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«Je conseille à M. le président de s'occuper des affaires de son pays, il réussira alors peut-être à avoir les mêmes résultats économiques et le même niveau de sécurité de ses citoyens que ceux garantis par la Pologne». Beata Szydlo n'a pas apprécié les propos d'Emmanuel Macron à son endroit et au sujet de son pays et renvoie coup pour coup. Sous-entendu transparent de la Première ministre polonaise, la vague terroriste islamique qui frappe l'Europe de l'Ouest et singulièrement la France. Car la Pologne, pas plus que les autres pays du groupe de Višegrad (Hongrie, Pologne, République tchèque, Slovaquie) n'a été jusqu'à présent frappée par ce fléau.

Pour eux, aucun doute, s'ils sont épargnés, c'est grâce à leur refus de la politique migratoire voulue par l'UE. Ainsi, le pour le ministre polonais de la Défense, Michał Dworczyk, l'attentat terroriste de Barcelone est «Une preuve de plus que la politique migratoire et la politique de sécurité doivent être conduites de manière très réfléchie et responsable (…) La sécurité qui règne en Pologne est entre autres le résultat de la politique conséquente du gouvernement».

Un point de vue appuyé par Péter Szijjarto, ministre hongrois des Affaires étrangères, pour qui accueillir des migrants «est un risque énorme».

A woman reacts near flowers and flags placed in tribute to victims, two days after an attack by the driver of a heavy truck who ran into a crowd on Bastille Day killing scores and injuring as many on the Promenade des Anglais, in Nice, France, July 16, 2016. - Sputnik Afrique
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«Nous pouvons déjà voir que l'Europe fait face à la vague terroriste la plus grave. Maintenant, on voit des attentats se produire presque tous les mois, c'est tout à fait inacceptable», appuie le chef de la diplomatie hongroise.

Un discours qui paraît choquant vu d'Europe de l'Ouest, où le lien entre terrorisme et immigration est considéré comme inacceptable par les médias, la classe politique et une bonne partie de la population. En témoignent à chaque attentat islamiste les slogans sur le thème de «c'est pas ça l'islam», «pas d'amalgame», «islam, religion de paix», avec force démonstrations d'amitié et de compassion avec les musulmans stigmatisés du fait des agissements de quelques djihadistes. Sputnik a pu le vérifier en direct lors d'un micro-trottoir, où la plupart des personnes interrogées qui voyaient un lien entre terrorisme et immigration le faisaient visage masqué…

Une opinion masquée, donc, mais qui reste majoritairement hostile à la répartition des migrants en Europe, de manière moins franche toutefois qu'à l'Est: si en août 2017, 61% de l'opinion publique française y serait, selon l'IFOP, réticente, ils étaient 98,3% des Hongrois, en octobre 2016, à être opposés à la relocalisation des demandeurs d'asile dans leur pays.

Pour autant, force est de constater que ces pays d'Europe de l'Est, arc-boutés dans leur refus de la politique d'accueil des migrants voulue par Bruxelles, sont jusqu'à maintenant épargnés par la vague d'attentats islamistes. Dans sa liste des attaques terroristes imputables à l'islam radical depuis 2001 en Europe, le site «The religion of peace» (La religion de paix) ne relève aucun acte de cette nature pour les pays du groupe de Višegrad, contre 58 en France, 50 en Grande-Bretagne (Angleterre et Écosse), 32 en Allemagne, 15 en Belgique, 10 en Italie ou 6 en Espagne. Des chiffres à nuancer, le site en question avouant inclure des «crimes d'honneur», qui ne rentrent pas dans la définition du terrorisme, même si les ordres de grandeur fournis restent pertinents.

Mais des chiffres à rapprocher des niveaux d'immigration respectifs de ces pays depuis les années 60, tant il est vrai que les attentats islamistes sont plus souvent le fait de nationaux d'origine étrangère (parfois de troisième ou quatrième génération) en rupture de ban que de migrants de fraîche date, même si certains membres des cellules terroristes qui ont frappé Paris le 13 novembre 2015 ou Bruxelles le 22 mars 2016 s'étaient infiltrés dans les pays-cibles en suivant les voies migratoires.

En tout état de cause, c'est le plus souvent en s'appuyant sur l'argument du terrorisme islamique en Europe de l'Ouest que s'appuient les pays du groupe de Visegard pour refuser les quotas de migrants que souhaite leur imposer Bruxelles.

«Nous disons non aux quotas obligatoires», déclarait Robert Fico, en septembre 2015.

«Je ne veux pas être responsable d'un éventuel attentat juste parce que nous avons mal estimé quelque chose», ajoutait le Premier ministre slovaque.

Plus récemment, la Première ministre polonaise Beata Szydlo affirmait qu'«après ce qui s'est passé hier à Bruxelles, il n'est pas possible en ce moment de dire que nous sommes d'accord pour accepter un groupe quelconque de migrants».

«C'est clair comme deux plus deux font quatre, c'est clair comme de l'eau de roche. Il y a un lien évident» entre l'immigration illégale et le terrorisme, affirmait pour sa part Viktor Orbàn en juillet 2016. «Si quelqu'un nie l'existence de ce lien alors, dans les faits, cette personne nuit à la sécurité des citoyens européens», avait ajouté le Premier ministre hongrois.

«Le président tchèque se prononce contre toute option d'accueil des réfugiés sur le territoire tchèque», a pour sa part déclaré en août 2016 le porte-parole de Milos Zeman.

«Notre pays ne peut pas se permettre des risques qui peuvent dégénérer en attentats comme ceux survenus en France et en Allemagne», précisait alors le représentant du président tchèque.

Pour autant, la menace terroriste n'est pas la seule à faire peur au groupe de Visegard.

«Nous devrions totalement changer notre culture, baisser radicalement le niveau de sécurité dans notre pays. Il ne s'agit pas seulement du terrorisme, puisque d'autres menaces sont plus graves encore. Cela signifierait une sorte de catastrophe sociale», a affirmé en mai 2017 le président du parti polonais Droit et justice (PiS), cité par Gazeta Polska Coddiennie.

Miloš Zeman estimait pour sa part en septembre 2016 que «l'Europe n'a pas besoin d'immigrés», lors de l'ouverture de la 14e session du Forum public mondial. Et le président tchèque de préciser: «Seulement 37% des migrants arrivant en Europe ont reçu une éducation primaire de base. Le reste est constitué de personnes illettrées. Comme l'économie de l'UE se base sur des connaissances et sur un travail qualifié, l'Union n'a pas besoin de ces gens».

Conservateurs rétrogrades et vaguement racistes, comme ils sont souvent présentés dans les médias ouest-européens, les dirigeants du groupe de Višegrad? Ne sont-ils pas plutôt les Cassandres de l'Union européenne, condamnés à annoncer les échecs de la société multiculturelle promue par Bruxelles et qu'ils refusent?

Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur.

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