« Le leader français Emmanuel Macron essaie de mettre en œuvre ce qu'il a promis lors de sa campagne électorale et il n'y a rien de nouveau dans ses déclarations », soupire Viorel Pană, ancien vice-président du Sénat roumain au micro de Sputnik Moldavie. Pendant sa campagne, le candidat Macron avait pris la défense de la directive européenne du statut de travailleur détaché, mais en critiquait l'application. Réformer ce texte, accusé en France de créer du « dumping social », était est un des axes forts de la campagne électorale et le président Macron entend s'y tenir. Reste à faire face aux pays d'Europe centrale et orientale d'où sont originaires un grand nombre de travailleurs détachés au sein de l'Union européenne.
« La France exporte aussi des travailleurs détachés, il ne faut pas croire non plus qu'il n'y a que des travailleurs détachés qui viennent travailler en France. Ça marche dans l'autre sens », rectifie Me Thierry Vallat, avocat spécialisé en droit du travail. Et c'est bien cet « avantage mutuel » qu'il faut préserver et respecter, selon l'économiste roumain Ilie Şerbănescu, « Sinon, c'est une mesure coloniale sans aucune nuance, nous devons arrêter la démagogie et mettre une barrière et fermer l'accès. Ou bien nous sommes un marché mondial, ou bien nous ne le sommes pas ".
« On a cassé l'idée qu'il y aurait une opposition entre l'Est et l'Ouest », s'est félicité le président français lors de sa première visite en Europe centrale et orientale, avant de se rendre en Roumanie et en Bulgarie. Mais éviter de se confronter aux redoutables opposants que sont la Pologne et la Hongrie, n'était peut-être pas très judicieux, dans ce dossier houleux:
« On peut d'ailleurs s'étonner qu'il n'ait pas ajouté la Pologne à son parcours, cela aurait été intéressant de déminer un peu chez les Polonais, qui sont les leaders de la contestation. Le fait de les laisser un peu sur le côté alors qu'il est dans la région n'est peut-être pas de très bonne augure pour ce pays, qui risque de faire encore plus d'obstruction lorsque des discussions vont arriver ».
L'enjeu est double pour Emmanuel Macron, mais aussi pour l'Europe. Un échec des négociations alimenterait le climat eurosceptique ambiant, selon Me Vallat:
« Clairement, ça serait un bien mauvais signal pour l'UE. Donc je reste convaincu qu'on va arriver à un accord c'est trop important pour la cohésion européenne. Mais c'est un accord qui risque de se passer dans la douleur. Et peut-être avec des contreparties autres, ce qui est certainement un des enjeux de la visite d'Emmanuel Macron dans les pays de l'Est ».