Si le terrorisme islamiste a acquis, du moins hors du Moyen-Orient, une vie qui est indépendante des événements en Irak et en Syrie, c'est avant tout parce qu'il s'enracine sur une détermination culturelle.
La dimension culturelle du terrorisme
Ce terrorisme islamiste, que certains éprouvent toujours beaucoup de mal à nommer, n'est pas réductible aux conditions sociales de ses acteurs, comme on le prétend parfois. En Europe, il a été, largement, le fait de personnes relativement bien insérées dans la société, dont certaines appartenaient à ce que l'on appelle la « petite bourgeoisie ». La dimension idéologique de ce terrorisme est indéniable. Il exprime le refus violent des sociétés occidentales par une petite minorité, mais une minorité qui a trouvé une oreille complaisante autour d'elle. Les différentes enquêtes montrent qu'aujourd'hui la pénétration des idées au nom desquelles ces actes atroces sont commis, va bien plus loin que les simples milieux que l'on dit « radicalisés ». Bien entendu, la très grande majorité de ceux qui disent approuver les idées des terroristes, qui affirment la supériorité des « lois de Dieu » sur celles de la République, qui développent les idées d'infériorité des femmes, ne commettront pas d'attentats. Mais, ils peuvent fournir le vivier dans lequel se développeront des acteurs potentiels d'attentats. Ils peuvent aussi fournir, que ce soit de manière passive ou de manière active, un soutien à ces derniers.
Tant que cette dimension culturelle du terrorisme islamiste ne sera pas reconnue, nous sommes condamnés à voir se répéter ces actes atroces.
De l'unité de la culture politique
Cela implique une réflexion sur ce que l'on appelle la « culture », et plus spécifiquement sur la « culture politique ». Cette culture politique, c'est qui sert de soubassement à nos débats, ce qui permet d'établir un « langage commun » entre les différents participants à ce débat. D'ou, à l'évidence, l'importance de comprendre d'où vient cette culture politique. C'est l'histoire qui a structurée des peuples en Europe, avec des cultures politiques différentes.
Dans une société composée en effet de membres hétérogènes, il faut construire (et non imposer) une homogénéité politique si l'on veut que cette société puisse fonctionner et par là tout simplement exister. C'est cette homogénéité politique construite, que l'on peut nommer si on y tient « culture politique », qui permettra la convergence des anticipations nécessaires à la mise en œuvre de projets communs.
En cela, si l'on peut constater la réalité d'un pluri-culturalisme, le multiculturalisme ne peut constituer un projet politique viable pour une société. Admettre la pluralité des cultures politiques dans un Etat donné, c'est acter de l'impossibilité d'aboutir à un projet commun faute, justement, de ce « langage commun » que constitue la culture politique. Et, dans le cas de la société française, l'un des points essentiels de ce langage commun c'est la reconnaissance de la distinction entre la sphère privée et la sphère publique, distinction qui rend possible l'existence de la laïcité. C'est pourquoi, il faut rejeter avec la plus extrême fermeté les dérives communautaristes qui peuvent exister.
Qu'est-ce que le peuple
Il se fait que la question du « patriotisme » s'est retrouvée à nouveau sur le devant de la scène, et ceci grâce aux actions, et aux déclarations, de plusieurs champions sportifs, dont Patrice Quarteron. Ce dernier a été violemment attaqué pour sa déclaration d'amour à la France. A l'inverse, certains voudraient aujourd'hui diviser la France en communautés, et c'est sans doute l'un des objectifs de ces militants qui tiennent un camp dit « décolonial », dont l'accès est interdit aux blancs. Mais, qui est blancs et qui est noir? Les tentatives de classifications administratives, en particulier aux Etats-Unis, montrent bien l'extrême imprécision de ces termes.
Qu'est-ce qui fait donc un « peuple »? Il faut comprendre que quand nous parlons d'un « peuple » nous ne parlons pas d'une communauté ethnique ou religieuse, mais de cette communauté politique d'individus rassemblés qui prend son avenir en mains. Un peuple, ce n'est jamais l'addition de communautés. Nous vivons dans des sociétés hétérogènes et l'unité de ces dernières se construit, et se construit avant tout politiquement. Cette unité n'est jamais donnée ni naturelle. Le peuple ne se définit pas par des caractéristiques ethniques, ou par une appartenance religieuse. On ne peut donc penser de « Peuple » sans penser dans le même mouvement la « Nation ». Et, la liberté du « Peuple » dans le cadre de la « Nation » s'appelle justement la souveraineté.
Les formes de cette constitution du peuple peuvent varier, en fonction de facteurs historiques et culturels, mais ils répondent aux mêmes invariants.
Il faut, alors, se décider aussi à revenir sur le mise en cause, sournoise ou directe, de la souveraineté du peuple, en en particulier sur celle que promeut l'Union européenne. C'est elle qui ouvre ainsi toute grande la porte à la dissolution du peuple et de la Nation, et à l'émergence des communautés, que ces dernières soient religieuses ou ethniques. Il ne peut y avoir de peuple, c'est à dire de base à construction politique de la souveraineté populaire, que par la laïcité qui renvoie à la sphère privée des divergences sur lesquelles il ne peut y avoir de discussions raisonnables.
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