EasyJet: des pilotes au bord de la rupture

© AFP 2024 DENIS CHARLETAn Airbus in British airline EasyJet livery is pictured on July 3, 2015 on the tarmac at the Lille-Lesquin airport, northern France.
An Airbus in British airline EasyJet livery is pictured on July 3, 2015 on the tarmac at the Lille-Lesquin airport, northern France. - Sputnik Afrique
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Dans une lettre ouverte à l’actionnaire principal et fondateur d’EasyJet, Stelios Haji-Loannou, la section SNPL des pilotes français d’EasyJet dénoncent des cadences insoutenables et des programmes de vol irréalisables durant la période estivale.

La section SNPL des pilotes français d'EasyJet tire la sonnette d'alarme. Initiative suffisamment rare pour être soulignée, le SNPL (syndicat national des pilotes de ligne) a adressé une lettre ouverte au fondateur et actionnaire principal de la compagnie à bas coût, Stelios Haji-Ioannou, afin de l'alerter sur la direction stratégique que prend l'entreprise. En effet, le syndicat estime qu'EasyJet est devenu une entreprise uniquement focalisée sur la maximisation des profits durant la période estivale. Les pilotes dénoncent des cadences de travail insoutenables ainsi que des programmes de vol irréalisables, tout cela au détriment des clients et de leur sécurité.

«Chaque année, c'est le même scénario: nous manquons d'équipage. La compagnie prépare un planning de vol fantastique avec de belles destinations et beaucoup d'avions. Seulement le problème, c'est qu'il n'y a assez d'équipages pour le réaliser» comme nous l'explique Michaël Van Til, membre du bureau SNPL.

Le manque d'équipages a bien entendu des répercussions sur les usagers puisque selon Michaël Van Til, «nous avons quasiment doublé le nombre d'annulation sur le mois de juillet dans le réseau, nous avons dépassé les 500 annulations de vol.» Par conséquent, cette situation engendre de vives tensions pour les équipes au sol comme le regrette Michaël Van Til.

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«Il y a de plus en plus d'incidents, les passagers sont excédés des retards de 3 jusqu'à 10 heures. On parle quand même des vacances des gens, des personnes qui travaillent toute l'année pour se payer une semaine de vacances. Aujourd'hui, on tire la sonnette d'alarme face à cette situation.»

Des cadences infernales

Par ailleurs, les cadences de travail demandées par EasyJet, notamment pendant la période estivale, sont jugées insoutenables et impactent le quotidien des équipages. Pour comprendre ce rythme effréné, Michaël Van Til nous décrit la journée type d'un commandant ou d'un pilote.

«Nous devons imprimer les plans de vol, environ 150 pages pour une journée de 4 vols. Il faut passer en revue tous les aéroports où l'on va aller, la météo, l'état technique de l'avion, prendre une décision sur l'emport de carburant. Une fois dans l'avion, il faut préparer les cabines, préparer la sécurité. Et enfin, embarquer les 180 passagers.» Cependant, pour réaliser ces nombreuses tâches, le personnel n'a que 20 à 30 minutes. Suffisant pour garantir une sécurité optimale des passagers?

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«Le rythme que l'on nous demande est intenable. Lorsque les passagers ont un problème dans l'avion, ils ne le comprennent pas forcément, mais il arrive que le commandant ou la chef de cabine soient au bord de l'épuisement. Parfois, ils travaillent pendant 4 ou 5 jours jusqu'à 12 heures d'affilée.»

Les équipages souhaitent plus de communication

Pour ce membre du SNPL, EasyJet doit absolument impliquer d'avantage son personnel.

«Nous demandons chaque année à la compagnie de faire des tables rondes. Nous pourrions décider ensemble des rotations: comment lier les vols entre eux. Quelles rotations sont ou ne sont pas faisables? Nous demandons plus de marge de manœuvre pour les escales au sol, car 25 min ce n'est pas tenable. Nous voulons qu'EasyJet recrute un peu plus. Actuellement en France, nous sommes à 5,2 équipages par avion, il faudrait monter à 6. On parle d'embauche de 50 navigants. La spécialité de la compagnie est d'embaucher des navigants d'autres pays qui sont bien évidemment moins chers.»
«Alors effectivement, cela demanderait un petit effort financier, mais rien comparé aux annulations et au coût de l'impopularité» conclut Michaël Van Til.

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