L'interview de l'ex-taupe de WikiLeaks, intitulée «Chelsea Manning a changé le cours de l'histoire. Maintenant, elle se concentre sur elle-même», est parue dans l'édition américaine de Vogue avec une photo prise par Annie Leibovitz, dont les clichés illustrent depuis plus d'un quart de siècle les magazines Rolling Stone et Vanity Fair.
Chelsea Manning a raconté au magazine son enfance, le divorce de ses parents, son service en Irak et sa vie en prison ainsi que sa prise de conscience de son identité sexuelle.
«Cela me paraît naturel. J'ai l'impression que tout aurait dû être ainsi au lieu de cette angoisse, cette incertitude, la conscience lourde qui vient avec la nécessité de faire semblant d'être un homme […]. Je ne me sentais pas bien. Je ne savais pas ce qui se passait. Je ne pouvais pas le décrire. Maintenant, tout est fini», a-t-elle expliqué.
Entré en prison en tant qu'homme, et prénommé alors Bradley Manning, l'ex-taupe de WikiLeaks en est ressortie le mercredi 17 mai après avoir été opérée pour changer de sexe, sept ans après avoir révélé les bavures militaires américaines.
Bradley Manning a été arrêté en mai 2010 en Irak où il était en service. Il a avoué avoir transmis à WikiLeaks une vidéo de frappes aériennes qui ont causé la mort de civils irakiens, des centaines de rapports sur des incidents lors des conflits en Afghanistan et en Irak, des dossiers de prisonniers du camp de Guantanamo, ainsi que près de 250.000 documents diplomatiques du département d'État des États-Unis. En août 2013, il a été condamné à 35 ans de prison.
Au lendemain de sa condamnation, Manning déclare être transgenre et entame des démarches pour changer d'identité et prendre le prénom de Chelsea. En février 2015, l'armée autorise Manning à entamer son traitement hormonal, et le mois suivant, la Cour d'appel de l'US Army statue que Chelsea Manning doit être désignée via des pronoms féminins ou neutres.