Un correspondant de Sputnik s'est rendu sur la ligne de front où les grottes abritent des prisons, des bunkers fortifiés et un atelier de fabrication de véhicules piégés. Les travaux de déminage des territoires libérés battent leur plein.
Sur les traces des soldats libanais capturés
C'est en août 2014 que tous les Libanais sans exception ont appris le nom de la petite localité d'Ersal. Trois ans après le début de la guerre en Syrie, les terroristes ont entrepris une tentative pour élargir leur zone d'influence et pour occuper une partie du pays voisin. À l'issue de plusieurs jours de combats acharnés, les soldats de l'armée libanaise et du mouvement chiite Hezbollah ont réussi à torpiller les projets des extrémistes d'al-Nosra et de Daech, alors alliés.
En traversant la région montagneuse d'Ersal, nos pensées vont involontairement à ses soldats. On s'approche d'une colline, mais soudain un soldat chiite nous demander de nous arrêter.
«Ne vous approchez pas. Ce site vient d'être découvert et nos spécialistes en déminage doivent d'abord l'inspecter», nous dit-il.
«Il paraît qu'il y a ici toute une citée souterraine. Le temps qu'ils procèdent au déminage, allons voir le site où [les terroristes] minaient des véhicules et après on pourra voir le site s'il vous intéresse», nous dit Adnan qui nous accompagne dans notre mission.
L'atelier où les terroristes fabriquaient leurs djihad-mobiles est criblé de balles, un de ses murs est démoli. Autour, on trouve des pièces de rechange brûlées et des carcasses de véhicules, dont un véhicule de combat d'infanterie de fabrication française volé à l'armée libanaise. Le paysage qui s'ouvre devant nos yeux rappelle une scène d'un film d'horreur.
«Le site récemment détecté est une grande prison. Elle abrite des chambres de torture et une pièce réservée aux gardiens. On y trouve des denrées alimentaires et des couvertures neuves. Il paraît que les [djihadistes, ndlr] d'al-Nosra ont quitté l'endroit à la hâte avant-hier. Nous avons prévenu nos supérieurs. Selon certaines informations, c'est dans cette prison qu'étaient détenus nos militaires enlevés en 2014», communique un militaire via le talkie-walkie d'un des soldats nous accompagnant.
Nos prières de nous laisser voir la prison son vaines. Les sapeurs poursuivent le déminage et le risque au nom de la curiosité n'est pas justifié.
Véhicules de mort
Les sentiers étroits sillonnant la région montagneuse de Jaroud Ersal étaient connus des contrebandiers bien avant le début de la guerre en Syrie: on les empruntait pour faire entrer au Liban toute sorte de marchandises depuis le pays voisin, y compris du gazole et des vestiges archéologiques. Après le début de la crise, les terroristes ont arrêté leur choix sur cet endroit pour en faire une plaque tournante du trafic d'armes et de drogue et pour envoyer en Syrie de nouvelles recrues djihadistes.
«Les djihadistes amenaient en outre ici des véhicules volés aux Libanais. Une partie de ces voitures sillonnerait jusqu'à présent les territoires syriens. Les autos de moindre qualité étaient transformées en engins explosifs à quatre roues et étaient renvoyés au Liban», explique un partisan qui se présente comme Abou Tourab.
Depuis plus de six ans que dure la guerre en Syrie les terroristes ont organisé sur le sol libanais des dizaines d'attentats terroristes qui ont coûté la vie à des centaines de civils. En outre, les terroristes se servent de véhicules piégés lors d'offensives. Avant le début de l'attaque, ils envoient des conducteurs-kamikazes vers les positions de l'armée ou de milices.
Succès de pourparlers
À l'heure actuelle, Jaroud Ersal et la région syrienne de Flita, frontalière avec le Liban, sont libérées du joug du Front al-Nosra. Le dernier détachement des terroristes s'est retiré vers les camps de réfugiés dans les vallées de Hamiid et d'al-Malahi. Selon différentes informations, le nombre de terroristes pourrait atteindre 200 hommes.
Pour éviter des victimes parmi les civils, le commandement de la résistance chiite, qui a encerclé les terroristes, a proposé aux extrémistes de déposer les armes et de se retirer sur le sol syrien. D'après les habitants locaux, les terroristes seraient escortés vers la province d'Idleb, dans le nord-ouest de la Syrie.