Après la libération de Jaroud Ersal des extrémistes du Front al-Nosra, le mouvement chiite Hezbollah a invité les journalistes à visiter cette région frontalière avec la Syrie qui a connu, d'après les combattants, les affrontements les plus violents et acharnés depuis le conflit israélo-libanais de 2006. Présent sur place, un correspondant de Sputnik a pu voir de ses propres yeux et prendre en photo les régions difficilement accessibles où des affrontements avaient lieu récemment.
Partis du village de Younine, dans la vallée de la Bekaa, les journalistes accompagnés par des membres du Hezbollah ont mis 1h30 pour atteindre le village stratégique de Karya.
«Située en face des positions de l'armée libanaise à Ras al-Sarraj, elle revêt une importance stratégique. En prenant Karya, nous avons assuré la défense des arrières de l'armée contre les terroristes de Daech qui occupent encore les hauteurs voisines», a expliqué à Sputnik un agent de sécurité du Hezbollah.
«Karya, nous l'avons prise en dernier. Elle nous ouvre la voie aux régions de Wadi Hamiid et d'al-Malahi, qui restent encore occupées par les terroristes d'Al-Nosra», a encore indiqué l'interlocuteur de l'agence.
Le paysage uniforme de cette zone montagneuse rend les combats encore plus pénibles. Seuls les locaux savent s'orienter sur ces sentiers qui se ressemblent tous. Ce n'est que grâce à leur riche expérience de combats dans les régions montagneuses et à un examen méticuleux du relief que les combattants du Hezbollah ont su arracher cette victoire.
Or, un facteur de plus a joué en faveur des combattants du Hezbollah: «Des affrontements opposant les terroristes de Daech à ceux du Front al-Nosra ont régulièrement éclaté. Ils se sont intensifiés lorsque Daech a exigé que l'émir d'al-Nosra, Abou Malik al-Tali lui prête allégeance, ce que ce dernier a refusé», indique l'interlocuteur de l'agence.
Mais les hommes du Hezbollah ont en outre été guidés par leurs propres motifs. Ils vengent les soldats libanais tombés à Ersal en affrontant al-Nosra. En signe d'hommage aux défunts militaires, les portraits de ces derniers ont été déployés sur les hauteurs libérées.
Les affrontements n'ont pas complètement cessé dans les zones montagneuses du Liban. Des échanges de tirs résonnent régulièrement çà et là. Sur la route de retour, les journalistes ont vu une colonne de blindés du Hezbollah.
Ce tronçon de la frontière est considéré comme celui où la situation est la plus tendue. Les terroristes se servent de cette zone difficile d'accès comme d'une plaque tournante pour le trafic d'armes et l'envoi en Syrie d'extrémistes nouvellement recrutés.