Le fournisseur potentiel devra transmettre les échantillons à l'AETC et fournir des informations sur l'état de santé des donneurs. Le commandement américain a besoin d'échantillons de molécules d'ARN et du liquide synovial assurant la mobilité des articulations. RT a interrogé plusieurs experts pour savoir dans quelle optique les militaires américains prévoyaient de tels achats. Selon la chaîne RT.
«Tous les échantillons (tissu synovial et échantillons d'ARN) doivent être prélevés en Russie chez des europoïdes (caucasiens). Le gouvernement n'analysera pas les échantillons de tissu provenant d'Ukraine», stipule le document.
L'armée de l'air américaine a formulé plusieurs exigences.
«Tous les échantillons de tissu synovial et d'ARN congelés doivent provenir de donneurs normaux sans traumatismes de l'appareil locomoteur. Les échantillons de tissu synovial et d'ARN peuvent ne pas correspondre, c'est-à-dire peuvent provenir de différents donneurs. Tous les échantillons de tissu synovial et d'ARN doivent provenir de personnes non atteintes par le VIH, l'hépatite B, l'hépatite C et la syphilis», précise l'appel d'offres.
Le prestataire doit fournir, pour chaque échantillon de tissu synovial et d'ARN, les informations concernant le donneur. «Au moment de la livraison le prestataire doit présenter un formulaire d'identité, indiquer le sexe, l'âge, la nationalité, le diagnostic, la date des éventuelles opérations chirurgicales, la date du diagnostic, les symptômes, depuis combien de temps il fume le cas échéant, les médicaments consommés, la taille, le poids», indiquent les conditions du contrat.
Les échantillons doivent être livrés à la base aérienne américaine de Lackland (San Antonio, Texas) dans un délai de dix jours après réception du virement par le prestataire.
Le superviseur de l'appel d'offres, Marcus Mattingley, n'a pas répondu à la question de RT concernant l'objectif de cette commande.
Des échantillons importants
La compagnie possède une représentation à Moscou (l'unique filiale de la société à l'étranger): le Laboratoire de bioressources. Le site d'offres d'emploi job.ru signale que l'organisation s'occupe «de la sélection et de l'étude d'échantillons pour des projets médicaux».
La directrice générale de la représentation russe de ProteoGenex, Natalia Diakova, a déclaré que le Laboratoire de bioressources «ne recueillait pas d'échantillons de molécules d'ARN ni de tissu synovial», et qu'elle «ignorait tout du contrat de fourniture d'échantillons à l'armée de l'air américaine».
«Je n'en ai pas entendu parler. Nous n'avons pas été informés. Nous ne réalisons pour ProteoGenex qu'un certain niveau de recherches, rien de plus», a déclaré Natalia Diakova.
Le siège de ProteoGenex en Californie n'a pas répondu à RT au sujet de sa participation à l'appel d'offres pour fournir des échantillons de tissus biologiques russes à l'armée de l'air US.
Des besoins non militaires
L'appel d'offres en question a été lancé par l'Air Education and Training Command (AETC) de l'armée de l'air américaine. Ce département s'occupe de la sélection professionnelle des pilotes et des techniciens, ainsi que de la préparation du personnel technique pour l'armée de l'air américaine. Sur le site de l'AETC, on apprend qu'à Lackland (Texas), où seront envoyés les échantillons, se situe un centre médical — la 59e aile médicale rattachée au département.
«Le centre remplit le plus grand nombre d'opérations de transport médical de toute l'armée de l'air américaine et maintient près de 1.250 postes de personnel médical constamment prêt pour une projection. Les groupes de terrain sont régulièrement projetés aux quatre coins du monde pour réagir aux situations d'urgence, aider lors des opérations extraordinaires du Pentagone et s'entraîner en participant aux missions civiles et humanitaires réelles», indique le site du département.
Le professeur Konstantin Severinov, de l'Institut des sciences et des technologies de Skolkovo et de l'université Rutgers aux USA, a noté que les échantillons d'ARN pouvaient être recueillis à des fins scientifiques.
Sergueï Kisselev, directeur du laboratoire de l'Institut de génétique générale Vavilov affilié à l'Académie des sciences de Russie, pense qu'un tel nombre d'échantillons est suffisant pour des études scientifiques.
«Si l'ARN est extrait d'un même type de cellules, alors une quinzaine d'échantillons génétiques suffit pour conclure que cette série d'ARN est spécifique pour ce type de cellules. C'est également suffisant pour trouver, dans certains cas, d'importants écarts. Mais plus il y a d'échantillons et plus l'exactitude est élevée. L'ARN détermine la manière dont la cellule fonctionne et se spécialise. Si l'on extrait l'ARN des cellules sanguines: c'est une série de molécules d'ARN. Si on l'extrait des muscles: une autre série. Si cela intéresse l'armée, alors il doit y avoir certains aspects nécessaires pour elle», conclut l'expert.
Le généticien et directeur de la compagnie Genotek, Valeri Iliinski, est d'accord avec Sergueï Kisselev pour dire que les échantillons sont probablement nécessaires pour mener des études fondamentales.
«Les méthodes d'analyse de l'ARN sont très nombreuses: certaines sont peu coûteuses, d'autres sont très chères. Il existe un nombre très varié d'études et il est donc difficile de déterminer concrètement quelle est celle que comptent mener les Américains», explique-t-il.
«On élabore de nouveaux types d'armes biologiques. Il ne peut y avoir d'autres motivation dans un département militaire. Il peut certainement s'agir de virus de combat. Les USA tentent d'élaborer différents types d'armes biologiques précisément pour les porteurs concrets d'un fond génétique, et il leur faut des europoïdes car ils constituent la majeure partie de la population de notre pays. C'est précisément le groupe-cible pour lequel on tente de trouver les clefs. Il faut que les virus agissent de manière sélective, contre des groupes ethniques précis. En partie, cette mission est prise en charge par le programme américain Génome humain. Il est également financé en grande partie par le Pentagone», déclare l'expert.
Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur de l'article repris d'un média russe et traduit dans son intégralité en français.