L'apparition de navires chinois à proximité des côtes baltes est une mauvaise surprise pour l'Otan, qui a déployé depuis 2014 une activité intense dans la région. L'an dernier, les exercices navals russo-chinois s'étaient déroulés en mer de Chine méridionale — région où se croisent les intérêts stratégiques de la Chine et des USA — ce qui n'avait pas non plus réjoui les membres de l'Alliance. La seconde phase des manœuvres russo-chinoises est prévue cet automne en mer d'Okhotsk et en mer du Japon.
Le ministère chinois de la Défense a annoncé qu'un groupe naval chinois comprenant le destroyer Changsha et la frégate Yuncheng avait mis le cap sur la zone des exercices le 18 juin.
Les exercices navals russo-chinois se dérouleront en deux étapes: après les manœuvres estivales en mer Baltique, les militaires des deux pays travailleront des missions dans les mers d'Okhotsk et du Japon. La seconde phase des exercices se terminera mi-septembre.
Les deux ministères soulignent l'orientation pacifique des exercices, qui serviront à travailler la «garantie conjointe de la sécurité de l'activité économique maritime», a annoncé le commandement chinois. De son côté, le ministère russe de la Défense souligne le «renforcement de l'amitié et de la coopération entre la marine russe et la marine chinoise». Moscou et Pékin insistent sur le fait que ces manœuvres ne sont pas dirigées contre d'autres pays.
Cependant, les exercices russo-chinois ont déjà suscité une certaine nervosité en Occident. En particulier, le ministre lituanien des Affaires étrangères Linas Linkevičius a déclaré que la coopération militaire entre la Russie et la Chine en mer Baltique «menaçait la stabilité dans la région».
Le ministre polonais de la Défense Antoni Macierewicz s'est exprimé sur le même ton en disant que la coopération militaire sino-russe «menaçait le monde libre». De plus, il a accusé Moscou et Pékin d'avoir «intentionnellement menti».
«Pendant des années, la Russie et la Chine ont cherché à cacher l'alliance stratégique qui les unissait. Elles cherchaient à donner l'impression que cette union n'existait pas», a déclaré Antoni Macierewicz.
Le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg a tenu un discours plus retenu sur ces manœuvres en annonçant que l'Alliance «suivrait attentivement les manœuvres de la marine russe près de la frontière des pays baltes».
Depuis 2014, l'Otan a affiché une activité sans précédent à la frontière occidentale de la Russie. L'Alliance accumule des armes et des effectifs dans les pays baltes et en Pologne, et des exercices militaires manifestement antirusses sont régulièrement organisés dans la région. Des avions de reconnaissance, ainsi que des chasseurs de l'Otan, font régulièrement leur apparition en mer Baltique.
«Les manœuvres conjointes de la Russie et de la Chine en mer de Chine méridionale, en Méditerranée et en mer Baltique montrent que l'Otan n'est pas maître dans ces régions. Aujourd'hui les navires lance-missiles chinois ont pénétré pour la première fois en mer Baltique, qui est presque entièrement entourée par les pays de l'Otan. Ces manœuvres sont une tape sur le nez de l'Otan et de Washington, une démonstration qu'ils n'ont pas l'hégémonie sur ce territoire», conclut l'expert militaire Viktor Litovkine.
Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur de l'article repris d'un média russe et traduit dans son intégralité en français.