La Chine et la Russie organiseront la première des deux étapes de leurs exercices Joint Sea 2017 en mer Baltique. Cette décision s'explique notamment par l'intensification des activités militaires des pays européens, notamment de la France et du Royaume-Uni, en Asie, a déclaré à Sputnik Vassili Kachine, expert militaire russe.
«Depuis 2015, les exercices russo-chinois s'approchent de plus en plus des "points chauds" potentiels aux frontières des deux pays. Ce processus se déroule parallèlement à l'augmentation de la présence militaire des alliés européens des États-Unis en Asie […]. L'ingérence européenne dans des litiges à l'autre bout du monde serait loin de plaire à la Chine qui a décidé d'envoyer ses navires en mer Baltique», a indiqué M.Kachine.
Le groupe naval chinois engagé dans les exercices Joint Sea comprend le nouveau destroyer Changsha de classe 052D, la frégate Yunchen de classe 054A et un bâtiment de soutien. La deuxième étape des manœuvres, d'une plus grande envergure, se déroulera dans les mers du Japon et d'Okhotsk en septembre prochain.
Les navires de guerre chinois, notamment un destroyer de classe 052C, une frégate et un cargo, se sont déjà rendus en mer Baltique en octobre 2015, mais il s'agissait alors d'une visite de bonne volonté en Pologne.
Cette fois, trois bâtiments chinois prennent part à des exercices navals avec la Russie ce qui «témoigne de l'existence d'une alliance militaire» entre Moscou et Pékin, d'après l'expert.
«Les deux pays soulignent le caractère humanitaire et antiterroriste des manœuvres, mais on sait que lors des exercices Joint Sea précédents, les marins des deux pays se sont entraînés à mener une guerre locale, notamment à parer des attaques aériennes, à combattre les sous-marins et à utiliser des missiles antinavires», a noté M.Kachine.
En 2015, la Russie et la Chine avaient déjà organisé leurs exercices navals en deux étapes dont la première s'est déroulée en Méditerranée orientale, la zone d'activités traditionnelle de grandes puissances.
«Cette année, la première étape des manœuvres Joint Sea aura lieu en Baltique, le théâtre de tensions et de contradictions entre la Russie et l'Otan. Des informations sur les exercices, des opérations d'interception d'avions et des vols d'avions de reconnaissance proviennent souvent de cette région», a rappelé l'expert.
«La Chine construit une grande flotte océanique destinée à opérer dans les régions éloignées. La flotte chinoise explore progressivement l'Atlantique et les exercices en mer Baltique, ainsi qu'une longue navigation dans cette région, permettront aux équipages de se familiariser avec les conditions locales. On peut déjà s'attendre à l'apparition de sous-marins nucléaires chinois dans l'Atlantique», a conclu M.Kachine.