Un bref communiqué de Daech est venu confirmer qu'al-Baghdadi était mort et que son successeur serait nommé prochainement. Aucun détail sur les circonstances de ce décès n'a été révélé.
Le décès d'al-Baghdadi a mis plus de temps à être avéré dans la mesure où les médias mondiaux l'avaient déjà été annoncé à plusieurs reprises, avant de réaliser que le terroriste était encore en vie. Ainsi, Al Arabiya a annoncé la mort du «calife» en 2015, tout comme la chaîne iranienne Press TV en 2016.
Le parcours d'un «homme modeste et poli» devenu terroriste
Dans une interview accordée au Daily Telegraph, l'un des camarades d'al-Baghdadi se rappelle d'un jeune homme «poli et modeste» qui n'était pas «enclin à la violence». Al-Baghdadi jouait même au football — autrement dit il ne considérait pas ce «jeux laïque occidental» comme préjudiciable. D'un autre côté, plusieurs médias ont également révélé que pendant ses études déjà, al-Baghdadi, influencé par son oncle, avait rejoint les rangs de l'organisation extrémiste Frères musulmans.
Au moment de l'invasion américaine en Irak il était imam dans une mosquée de Bagdad. Ses opinions se sont rapidement radicalisées: il a adhéré à la mouvance islamiste de la filiale irakienne d'Al-Qaïda. En 2004, al-Baghdadi a été capturé et détenu par les Américains. Durant cette période, les principaux dirigeants d'Al-Qaïda au Moyen-Orient ont été éliminés et un vide de pouvoir s'est formé chez les islamistes: il l'a comblé.
L'«académie du djihadisme» à Camp Bucca
L'administration de la prison était très tolérante envers les rituels religieux des détenus, les prières et les discussions sur les différents aspects de l'islam. Baghdadi en a profité et a commencé à confesser l'islam radical directement en détention. Par la suite, les médias baptiseront Camp Bucca «l'académie du djihadisme».
L'islamiste a été libéré en 2006 sans qu'aucun chef d'inculpation ne lui ait été présenté. D'après le Daily Beast, il aurait déclaré aux gardiens à sa sortie du camp: «On se verra à New York».
Après sa libération il a déménagé en Syrie pour passer son doctorat de théologie. C'est là qu'il a fait la connaissance du leader de Daech (à l'époque simple filiale d'Al-Qaïda) Abou al-Masri, qui a fait de lui le chef du «comité de la charia», c'est-à-dire le responsable de tout le travail religieux de l'organisation terroriste. En 2010, après la mort des premiers dirigeants de Daech — al-Masri et Abou Omar al-Baghdadi — le théologien est monté à la tête du groupe.
Rencontre avec le sénateur McCain
En mai 2013, le sénateur américain John McCain s'est illégalement rendu dans la province d'Idleb en Syrie pour rencontrer les leaders de l'«opposition armée». Ce voyage n'a été révélé qu'au retour du sénateur à Washington. McCain a rencontré les rebelles de l'Armée syrienne libre mais plusieurs médias ont relayé l'information selon laquelle al-Baghdadi avait participé aux entretiens du sénateur. Compte tenu des liens de longue date des Américains avec la direction d'Al-Qaïda (son fondateur Oussama Ben Laden a coopéré avec la CIA dans les années 1980 en Afghanistan), cette rencontre était plausible.
L'année suivante, l'EI a pris le contrôle d'une grande partie du nord de l'Irak et de la Syrie. Le groupe a proclamé sa capitale à Raqqa, et Baghdadi s'est proclamé «calife Ibrahim». De plus, il s'est mis à affirmer qu'il était le «descendant direct du prophète Mahomet». Depuis, plusieurs organisations djihadistes ont prêté allégeance à Daech et Baghdadi a construit un véritable empire économique, qui tirait des revenus non seulement des pillages et des rançons mais également de la vente de pétrole.