Dans une interview à Sputnik, Richard Labévière, rédacteur en chef du magazine en ligne procheetmoyen-orient.ch, a parlé de la situation désastreuse qui entoure l'évacuation des civils à Mossoul.
À Mossoul, les points stratégiques sont pris, mais la ville est loin d'être nettoyée, déclare-t-il, ajoutant que les forces irakiennes et occidentales ont échoué à sécuriser l'ensemble du périmètre et qu'on a «assisté effectivement à une gestion du flux de la population civile d'une manière totalement désastreuse avec aucun suivi humanitaire, avec aucun accueil, aucun transport et autre dans une improvisation absolument totale».
«Donc, en comparaison avec Alep (…) on devrait, si on avait l'honnêteté de le faire, avoir une comparaison plus stricte pour voir qu'effectivement ce qui se passe à Mossoul est assez désastreux dans l'accueil et la prise en charge de ces populations», a indiqué le journaliste.
«La guerre de la communication fait rage dans la mesure où quand il y a des bavures, par exemple, de la coalition américaine qui font des centaines de victimes, on n'en parle pas, quand il y a une désorganisation de la prise en charge de la population civile, on la minimise ou on n'en parle pas, donc il faut revenir à cet examen critique des situations irakienne et syrienne pour voir qu'on est toujours dans le "deux poids deux mesures" d'une part de la communication gouvernementale et des acteurs et, deuxièmement, de la couverture de presse», a-t-il expliqué.
Selon lui, les opérations à Mossoul étaient très complexes, et ont été menées avec des bavures nombreuses et bien plus catastrophiques qu'à Alep.
«Dans le cas d'Alep, pendant des mois et des mois y compris après le cessez-le-feu, on a assisté à un déferlement de propagande médiatique, tandis que là, sur la situation réelle de Mossoul et les problèmes auxquels sont confrontées les populations civiles, on est très mal informé et là, pour le coup, la presse occidentale ne fait pas son boulot», a-t-il conclu.
Le Premier ministre irakien Haider al-Abadi a proclamé le 9 juillet la victoire sur Daech à Mossoul, deuxième ville du pays. Dimanche 9 juillet, le commandant adjoint de l'unité de lutte antiterroriste, le lieutenant-général Abdel Wahab al Saidi, a hissé le drapeau irakien au-dessus du dernier repaire des terroristes dans la vieille ville de Mossoul, ce qui signifie la complète libération de la rive occidentale du Tigre.
Le rédacteur en chef n'était pas le seul à remarquer le chaos entourant l'évacuation à Mossoul. Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a déclaré mardi que l'évacuation des civils de Mossoul était désorganisée, ce qui alourdissait le nombre de victimes civiles.