Le parti politique du président a en effet annoncé lors de sa première «convention» qu'il lançait un média pour diffuser les initiatives des adhérents sur le terrain et pour aller là où les journalistes n'iraient pas. Énième technique de communication pour renforcer l'hégémonie d'En Marche?
Néanmoins, Emmanuel Macron a prouvé qu'il était un excellent communicant. En témoigne, l'utilisation du mot «convention» à la place de meeting, ce dernier étant trop connoté «ancien parti traditionnel qui propose de la vieille politique» et qui ne souligne pas assez l'«horizontalité» affichée du mouvement.
Finalement, vouloir créer un «média» ne serait-il pas une simple opération de communication comme en mènent les autres partis, mais avec un habillage plus attrayant? Florian Silnicki, expert en stratégie de communication, nous confirme cette hypothèse:
«Tous les partis politiques ont aujourd'hui, en interne, des médias […] Les Français aiment assez peu, au fond, le contenu qui est jusque-là proposé par les partis politiques qui n'ont pas su s'adapter ni aux réseaux sociaux ni dépasser les militants les plus actifs de leur formation. La République En Marche est confrontée à ces mêmes difficultés. C'est-à-dire, maintenant qu'Emmanuel Macron est élu, il ne faut pas que les électeurs s'enfuient et se lassent par manque de contenu et par manque de lien. Donc il faut faire vivre ce mouvement et faire vivre l'attachement au président.»
«Évidemment, ce ne seront jamais des journalistes en tant que tels, parce que le rôle du journaliste, c'est de publier une information, de la décrypter, de la contextualiser et de la vérifier. Il y a une différence fondamentale entre la parole politique qui est de la propagande, de l'information politique, partisane et l'information pure.»
Pourtant, malgré le verrouillage de la communication «En Marche», on constate donc qu'il peut encore y avoir quelques ratés:
«Ce qui a été maladroit de la part de LREM, c'est d'annoncer qu'ils se constituaient en média, parce que cela sous-entendait qu'il y aurait une concurrence possible et probable avec le milieu journalistique, qu'il ne peut pas y avoir par nature […] C'est donc un faux pas pour LREM à la fois d'avoir annoncé un média et à la fois de déclarer que ce média irait là où les journalistes ne vont pas, comme pour montrer qu'il y avait une faiblesse à laquelle le média de LREM pourrait se substituer.»