Néanmoins, le texte ne concerne que les entreprises dont le chiffre d'affaires est supérieur à 750 millions d'euros par an, et contient une clause d'exemption sur les informations dites «commercialement sensibles».
Qu'en pensent les ONG luttant pour la transparence? Sputnik a recueilli l'avis de Manon Aubry, responsable plaidoyer justice fiscale et inégalités d'Oxfam France.
Selon elle, cette initiative va dans le bon sens:
«C'est un pas en avant par rapport à ce que proposait initialement la Commission européenne: elle prévoyait seulement une obligation de transparence dans un nombre très limité de pays, alors que là, le Parlement européen l'étend au monde entier. En théorie, les entreprises devraient donc faire ce reporting pour tous les pays du monde.»
Néanmoins, Manon Aubry estime qu' «il y a un gros "mais"» qui risque de rendre la mesure peu productive:
«Le Parlement a en partie cédé aux lobbies des multinationales, puisque une énorme faille a été instaurée dans le dispositif, à savoir que les entreprises n'auront pas à publier ces informations si elles prouvent que cela va au détriment de leur compétitivité. Cette clause d'exemption a été introduite pour permettre aux entreprises qui le souhaitent de ne pas publier ces informations sur certains pays. C'est assez symptomatique de l'influence qu'ont les grandes entreprises. Mais surtout, ça veut dire qu'il n'y a pas de doute sur le fait que cette échappatoire va être utilisée assez largement par les entreprises pour ne pas publier d'informations sur leurs activités dans un certain nombre de pays, donc au final on n'aura pas la photographie complète de leurs activités et il sera difficile de détecter les schémas d'évasion fiscale.»
L'influence des groupes de pression des multinationales aurait donc, d'après Manon Aubry, empêché le Parlement européen d'aller au bout de sa logique: