Cette politique est contraire au pragmatisme prôné par le locataire de la Maison blanche et renvoie Washington aux postulats de la Guerre froide, affirme le ministre cubain des Affaires étrangères Bruno Rodriguez Parrilla. Le chef de diplomatie souligne que La Havane reste ouverte au dialogue et espère que le réaliste en Trump prendra le dessus. Selon le site de la chaîne RT.
- Nous assistons aujourd'hui à une régression dans les relations entre Cuba et les USA. Vous avez dit que le gouvernement n'allait pas se résigner aux menaces et au chantage. Est-il possible d'aboutir à un consensus avec le gouvernement de Donald Trump, qui adopte actuellement une rhétorique très agressive?
- La politique des USA se distingue toujours par son pragmatisme. Personnellement, je ne perçois aucun pragmatisme dans les mesures annoncées dernièrement par le président américain. Je ne vois qu'une forte pression idéologique et un retour aux postulats de la Guerre froide.
— Il répète ce qu'ont fait les dix présidents avant lui, à l'exception des deux dernières années de la présidence d'Obama.
Je ne vois pas le moindre pragmatisme américain dans cette approche. Premièrement parce que le président actuel insiste sur des actions qui, comme il s'est avéré depuis 50 ans, conduisent au résultat inverse. Deuxièmement parce que la politique des années 1960 typique de la Guerre froide est menée dans un monde qui a complètement changé.
De plus, cela affecte la création d'emplois ainsi que les capacités d'affaires des compagnies et des entreprises américaines, y compris vis-à-vis des concurrents étrangers — européens, russes, chinois.
On peut dire dès à présent que cette politique est vouée à l'échec, qu'elle va à l'encontre des tendances historiques et des tendances de la vie aux USA. Elle appelle à des méthodes inadéquates.
- Mais sur le plan technique, le dialogue entre Cuba et les USA se poursuit-il?
- Cela dépendra du gouvernement américain. Je n'ai rien entendu dans le discours du président Trump ni lu aucune proposition dans le décret présidentiel qui vient de paraître qui exclurait le dialogue ou la coopération ou demanderait de ne pas accomplir des accords bilatéraux signés plus tôt. Et de son côté Cuba est évidemment prête au dialogue et à la coopération — dans les conditions des positions divergentes sur les sujets déjà évoqués.
- D'après vous, au niveau personnel Trump sera-t-il capable de mener un dialogue basé sur le respect?
— Je ne sais pas. La question est très hypothétique. Les faits parleront d'eux-mêmes. Nous verrons ce qui va se passer. Le président actuel des USA, orienté sur les intérêts qu'il résume par la phrase «l'Amérique avant tout», les intérêts de ses électeurs et des citoyens américains qui ont voté pour lui, devrait comprendre que ce qu'il fait est contraire à tout cela.
- Et comptez-vous sur le soutien de l'Amérique latine? Après tout, Trump mène aujourd'hui une rhétorique très agressive, même s'il disait auparavant qu'il s'occuperait avant tout des affaires intérieures des USA.
L'un des facteurs qui avait poussé le président Obama à renouer le dialogue avec Cuba était un consensus solide et unanime des pays d'Amérique latine et des Caraïbes, qui ont prôné la fin du blocus économique de Cuba et ont dénoncé son exclusion des processus politiques internationaux.
- Dans son discours, le président Trump a accusé Cuba de nombreux problèmes, y compris de l'aggravation de la crise au Venezuela. D'après vous, une telle déclaration est-elle fondée?
— Pour reprendre l'expression du président Trump, je dirais que son discours rappelle une «chasse aux sorcières». Il a accusé Cuba de pratiquement tous les maux de la planète. Il ne lui reste plus qu'à nous accuser du réchauffement climatique — simplement il ne le reconnaît pas. Cependant, pour tout le reste, c'est évidemment Cuba qui est responsable.
Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur de l'article repris d'un média russe et traduit dans son intégralité en français.