«Je comprends les motifs de ceux qui l'ont fait», a-t-elle souligné dans une interview à l'agence russe Regnum, tout en rejetant le fait qu'elle appellerait à faire justice sur des personnalités comme Bouzina.
Pour elle, l'État ukrainien ne fait pas partie des pays libres, bien qu'il le souhaite. Sa patrie et la Russie ne sont pas libres non plus, a-t-elle poursuivi, accusant cette dernière d'implanter la langue russe en Ukraine et en Biélorussie, elle qui d'ailleurs parle et publie ses œuvres dans la langue de Pouchkine… Dans le même temps, les autorités ukrainiennes n'implantent pas l'ukrainien: la promotion de la langue ukrainienne et la lutte contre le russe, provoquant des tensions dans la société, attestent, selon elle, du fait que l'État veut tout simplement «adhérer à l'Europe» et représentent ainsi un vecteur plutôt positif de la politique de Kiev.
«Elle (la culture ukrainienne) n'est pas implantée», a insisté Mme Aleksiévitch. «Cet État ne veut pas vivre avec vous», a-t-elle ajouté, ne pouvant toujours pas faire son choix entre «nous» et «vous» lorsqu'elle s'adresse aux Russes.
«Les pays libres, ce sont par exemple la Suède, la France, l'Allemagne», a précisé la lauréate, qui estime qu'un peuple est libre s'il adopte la vision du monde à l'européenne.
Brusquement, l'écrivaine, qui a initialement accepté d'accorder un entretien à l'agence russe, a fait une étonnante volte-face après avoir fait part de ses idées sur plusieurs questions régionales et internationales.
«Lors de la conversation, la lauréate du prix Nobel a décidé, pour une raison connue d'elle seule, d'interdire que l'interview soit publiée», est-il dit dans l'article de l'agence, qui l'a tout de même publiée ayant reçu une permission initiale.
La Bélarusse Svetlana Aleksievitch s'est vu décerner le Prix Nobel de littérature en 2015. Née en 1948 en Ukraine, elle est ainsi devenue la 14e femme et la première femme de langue russe à remporter le prestigieux prix littéraire.